II- Régulation du système d’acteurs entre conceptions générales et logiques spécifiques : des familles aux filières

On peut considérer le logement d’insertion comme le résultat de l’interaction de l’ensemble des acteurs de la mise en oeuvre du droit au logement intervenant dans des domaines divers, avec de compétences diverses, des logiques différentes parfois opposées et qui, appréhendés dans cette structure d’élaboration du PDA forment un système qu’on peut dénommer système de production de logements d’insertion.

C’est un système ouvert en ce sens qu’il s’inscrit dans un environnement (urbain, social...) avec lequel il entretient des relations complexes qui rendent impossible l’étude de son fonctionnement sans en référer à cet ensemble qui le contient. Il est par ailleurs composé de sous-systèmes hétérogènes, regroupés autour de compétences (le sous-système HLM ou le monde associatif) ou de logiques (politiques ou techniques) dont les oppositions ou conflits alimentent la dynamique du système.

La finalité globale de ce système est la production ou le développement d’une offre de logements d’insertion, mais l’ensemble de l’analyse des logiques des acteurs concernés avant, pendant et après l’élaboration du PDA montre la complexité des interactions internes au système.

L’ensemble des acteurs intervenant dans le domaine du logement social a en effet été interpellé par la mise en oeuvre du PDA. Les attitudes, stratégies et pratiques antérieures des acteurs ont déterminé leurs positionnements face à ce nouveau produit. Dans le cadre de cette production de logements très sociaux, les différences de conceptions se sont traduites dans des logiques particulières et des pratiques spécifiques. Approprié par les acteurs et reformulé dans le cadre de leurs logiques propres, le PLA-TS a été plus ou moins rapidement instrumentalisé, et ce, aux dépens de sa vocation et de son ambition initiales.

D’abord appréhendé comme un outil financier, sa production a plus reflété les motivations des opérateurs qu’un réel projet global et cohérent en direction des plus défavorisés. La diversité des réponses révèle la difficulté à articuler sur un même projet des logiques immobilières et sociales portées par des acteurs différents.