Des logiques différenciées...

Le logement adapté se précise de plus en plus comme un élément structurel du marché du logement et occupe une place à part entière dans les stratégies des opérateurs. En conséquence se développent des savoir-faire spécifiques et une professionnalisation qui se traduisent par la mise en place de métiers ou de structures internes identifiées : Direction de l’habitat adapté à l’OPAC du Rhône, Mission Développement à Logirel... ou simplement une culture ou une démarche ’habitat adapté’ plus diffuse dans le milieu professionnel local, susceptible de favoriser différentes formes de coopération.

L’émergence de logiques partenariales rapprochant ou cordonnant leurs interventions ne modifie pas pour autant en profondeur les pratiques des acteurs. Tout en se rapprochant dans leurs pratiques, les opérateurs gardent des positions différenciées en fonction de leur appartenance à une famille particulière. Le statut, l’histoire, les stratégies et modes d’action spécifiques à chaque famille d’opérateurs induisent en effet une logique autour de laquelle se développent des pratiques plus ou moins homogènes, polarisées d’un côté par la logique d’insertion par l’habitat du milieu associatif et des organismes agréés, et de l’autre par le réflexe patrimonial traditionnel des bailleurs sociaux. Cette distinction permet ainsi de voir la mobilisation de logiques préexistantes dans la mise en oeuvre d’un produit nouveau.

Les organismes HLM, d’abord réticents du fait des difficultés sur leur parc existant et de la nécessité d’adapter leurs pratiques à ce nouveau produit, ont été en général peu mobilisés de façon durable, même une fois levées les réticences sur le PLA-TS. Le risque explicitement lié aux populations visées n’a été accepté que par quelques-uns uns. Les difficultés observées sur le parc social ont été parfois projetées (en les amplifiant quelquefois) sur ce nouveau produit, de même que les stratégies et les pratiques antérieures.

Les organismes agréés et le milieu associatif ont réagi en se positionnant soit sur le créneau de la maîtrise d’ouvrage qui leur a été ouvert sous réserve d’agrément, soit comme prestataires de services dans les domaines traditionnels de l’action sociale plus ou moins élargie. Les engagements antérieurs et leur spécialisation fondent ainsi pour l’essentiel les positionnements sur le PLA-TS et expliquent leur faiblesse et leur fragilité en maîtrise d’ouvrage.

Ainsi organismes HLM et organismes agréés se retrouvent tout naturellement sur leurs domaines de compétences traditionnels, avec leurs outils et leurs logiques antérieures. Pourtant le logement adapté appelle une mutation culturelle des opérateurs dans leur rapport à ce produit par une intégration des champs du logement et de l’action sociale, et le rapprochement d’acteurs intervenant traditionnellement dans ces deux champs.

Une capitalisation de l’expérience des premiers PLAi a permis aux organismes HLM de se repositionner stratégiquement sur ce type de logement comme produit-logement à part entière dans leur offre globale. A la fois outil de gestion, produit immobilier et réponse sociale, il est appelé à se développer fortement. Ce qui explique l’attention qu’ils lui portent. Quant aux organismes agréés dont le PLAi fonde l’activité de maîtrise d’ouvrage, ils se doivent d’y renforcer leur légitimité, quitte pour cela à se rapprocher de la culture des bailleurs sociaux au risque, du même coup, d’abdiquer leur engagement social qui s’est traduit dans un premier temps par une politique forte de modération des loyers.