5. Un texte sous l’autre

La musique fournit donc à Belletto des thèmes et une trame, comme le genre policier, lequel est effectivement couramment adopté par des auteurs sans étiquette, en mal de structure. Elle constitue également un modèle d’écriture intertextuelle, puisqu’une portée musicale est nécessairement traversée de réminiscences. Gérard Genette voit en elle l’archétype du palimpseste artistique :

« Ce qui en littérature passe encore pour un jeu quelque peu marginal est presque universellement considéré comme le principe fondamental du « développement », c’est-à-dire du discours musical 279 . »

L’intertextualité est en fait également inhérente au genre policier notamment parce que, comme le disait Borges, toute structure question/réponse imaginée par un texte renvoie à une autre, à l’infini de la Bibliothèque. C’est évidemment cet aspect spéculaire qui séduit certains auteurs, comme Perec qui, dans « 53 jours », crée une poupée gigogne littéraire où le crime s’inscrit dans un livre qui n’est que l’image d’autres livres ‘(« un r[oman] p[olicier] d[on]t le c[entre] est le r[oman] p[olicier] 280»)’, croisant d’autres oeuvres, à partir de l’intertexte central, l’oeuvre de Stendhal.

Notes
279.

G. Genette, Palimpsestes, p. 540. 

280.

G. Perec, « 53 jours », P.O.L, Folio/Gallimard, 1989, p. 177. Dans le dossier, Perec résume son projet :  « Le 2ème récit est la fausse exégèse du premier / le vertige des explications sans fin / à la fin le narrateur imagine un 3ème récit / qui serait l’exégèse contradictoires des deux premiers ? ».