2. Problématisation du genre policier

L’édification d’un genre doit donc beaucoup à l’inconscient du texte. Sans doute peut-on d’ailleurs expliquer la mauvaise réputation qui fut longtemps le lot du roman policier, par ce qu’il met en scène au niveau inconscient. En tout cas, peu de genres ont autant posé de questions, autour de sa définition, de son extension, de sa légitimité, de sa valeur. Pourtant, le roman policier a toujours intéressé les critiques travaillant sur le roman en général : qu’ils y trouvent les meilleures illustrations pour leurs réflexions sur la modernité (les Goncourt), de leurs théories sur la narration (Eco, Barthes), sur l’aspect formel de la construction romanesque (Brecht), ou encore, qu’ils l’analysent à part entière (Todorov), d’un point de vue philosophique ou politique (Adorno, Kracauer, Gramsci).

Au-delà de cet intérêt pour le roman policier - en tant qu’il exemplifie les lois littéraires, ce qui devrait d’ailleurs suffire à le légitimer -, il est clair que ce type de romans se trouve au coeur de deux grands débats modernes pour définir la littérature : celui de la notion de genre, et celui de la littérarité.