2.2. Problématisation de la notion de littérarité

Cette dimension textuelle pose par ailleurs la question si moderne de la littérarité, dans ses contradictions : désigné comme paralittéraire peu après son apparition parce qu’il s’opposait au roman, le policier est vu comme le genre de la plus grande littérarité par Jacques Dubois, en tant qu’il présente un autotélisme remarquable ; Uri Eisenzweig ajoute que ce genre n’existe que par l’autoréférence. La littérarité est en fait un concept relativement flou qui renvoie à plusieurs aspects, tous pertinents dans l’analyse du roman policier. De plus, le brouillage générique moderne et l’irruption d’oeuvres policières dans la littérature sans étiquette, troublant le partage habituel entre littérature et paralittérature oblige à sonder d’une manière fructueuse la notion de littérarité, ce que note avec satisfaction Alain-Michel Boyer :

« Partant, le questionnement du fait littéraire par un voyage sur ses marges n’est pas un trompe-l’oeil : un cheminement à travers ces territoires d’un bord à l’autre de ces zones problématiques de l’institution littéraire, offre bien de nouvelles manières de poser des questions à la littérature, de reconsidérer les critères fondateurs de la littérarité 937 . »
Notes
937.

A.M. Boyer, « Questions de paralittérature », in Poétique n° 98, p. 150.