3.3.1. L’arbre qui cache la forêt

En quelque sorte, nous sommes en train de dire que des perspectives de développement sont d’ores et déjà identifiés par les offreurs de technologie et par les décideurs institutionnels qui guident au niveau national ou régional les actions de développement. La distinction classique entre marché des entreprises et professionnels et marché du grand public permet d’ailleurs de dégager quelques tendances de l’évolution probable des pratiques et d’anticiper, du point de vue de la demande, certaines adaptations nécessaires du marché.

Cependant, quelques incertitudes fortes, de nature à gêner le développement d’un marché de masse subsistent, parmi lesquelles, pour ne citer que la plus préoccupante, l’incapacité à entrevoir réellement le service susceptible de faire décoller le marché, ce que les anglo-saxons appellent la « killer application ». En d’autres termes, s’il est raisonnablement et mathématiquement possible d’envisager une demande (en matière de probabilités d’évolution d’un marché), son identité et les besoins qu’elle recouvre restent encore peu connus. Dans ce sens, cela exige de notre part (nous au sens collectif du terme) que les prévisions de développement presque mécanique auxquelles la Commission européenne elle-même se laisse aller soient quelque peu nuancées.

Enfin, il nous semble opportun de rappeler qu’une chaîne ne vaut que par son maillon le plus faible, maxime qu’il paraît plus qu’urgent de réactualiser. Cela revient à dire que si des exemples d’applications très sophistiqués font la une de nos journaux (pour peu que l’on prenne le temps de s’y intéresser), ils masquent bien souvent des utilisations (et donc des utilisateurs) encore bien hésitantes et qu’une approche marketing agressive ne saurait stabiliser à elle seule.