2. Capillarité de l’environnement et prédominance du non structuré

‘« La seule organisation capable de croissance indéterminée ou d’apprentissage indépendant est un réseau. Toutes les autres topologies limitent ce qui peut se produire. Un réseau est tout en arêtes et par conséquent ouvert quel que soit l’endroit par où l’on y accède. En vérité, le réseau est l’organisation la moins structurée dont on puisse dire qu’elle ait la moindre structure. En fait, il n’y a que dans un réseau qu’une pluralité d’éléments vraiment divergents peuvent rester cohérents » ( Kelly K., p25-27, 1995)124. ’

Nous avons eu l’occasion d’évoquer dans le premier chapitre le fait que la figure du réseau caractérisait très précisément la société de l’information en émergence : il s’agit alors ici de voir dans quelle mesure l’apport d’une théorie fondée sur cette approche permet d’appréhender notre objet différemment et de compléter notre compréhension de l’environnement au regard de la diffusion de l’innovation.

D’abord, parce que c’est la seule qui envisage la notion de réseau125 dans l’acception qu’elle revêt dans la société de l’information aujourd’hui. Ensuite, parce que dans la perspective déjà mentionnée d’avoir à saisir un objet pris en charge par deux logiques différentes, l’une étatique, l’autre entrepreneuriale, nous pensons qu’à l’image du courant diffusionniste qui appuie le discours institutionnel126, la sociologie de la traduction ouvre une voie de réflexion intéressante quant à la nécessité de privilégier le ‘« non-structuré comme moteur de l’innovation dans l’activité humaine’ » (Castells M., p88, 1996)127. Enfin, rappelons que la notion de réseau permet de comprendre pourquoi une localité possède ou non la capacité d’agir collectivement. (Boudon R., 1989)128.

Notes
124.

Kelly K., (1995), « Hors-contrôle, l’émergence d’une civilisation néo-biologique », Menlo Park, Californie, Addison-Wesley.

125.

Les sociologues de la diffusion utilisent eux-aussi la notion de réseau. Nous avons songé à prendre ce point de référence pour les comparer dans leur approche mais l’utilisation de cette figure dans le premier courant renvoie plus à l’idée de chaîne d’influence qu’à celle d’organisation non structurée basée sur la souplesse et la capacité sans cesse renouvelée d’établir des relations.

126.

Remarque à nuancer si l’on considère que la stratégie de certains offreurs et politiques s’inscrit dans une « politique » du faire-croire.

127.

Castells M., (1996), op. cit.

128.

Boudon R., (1989), «Dictionnaire de la sociologie », Larousse, Paris.