3.1. Quand l’imitation, la contagion ou la machination ne suffisent plus

‘« Est appelé diffusion le processus par lequel une information vraie ou fausse, une opinion, une attitude ou une pratique (par exemple et au hasard l’utilisation d’une nouvelle technologie) se répandent dans une population donnée » (Boudon R., Bourricaud F., p180, 1986)144. ’

Cette définition conduit à identifier des cas idéaux où la diffusion obéit essentiellement à des principes de contagion ou d’imitation ou encore à des lois composites. Mais, comme le notent les auteurs, ces cas-type deviennent invalides dans le domaine de la sociologie où il faut généralement tenir compte des structures sociales et de leurs effets sur les processus de diffusion. Cette réserve s’applique particulièrement à notre objet, tant, nous le répétons, la diffusion des télé-activités est inégale et échappe, semble-t-il, à des schémas prévisionnels. C’est la raison pour laquelle, après ces auteurs, nous retenons l’idée que l’analyse d’un processus de diffusion implique « ‘une théorie adéquate des processus micro-sociologiques qui le sous-tendent »’ (Boudon R., Bourricaud F., p184, 1986)145 et exige une prise de distance par rapport aux effets d’imitation, de contagion, de résistance au changement ou encore de machination. Il s’agit d’éviter les deux écueils suivants : interpréter le phénomène de diffusion des télé-activités à partir d’une logique exclusivement capillaire mais qui, dans certains cas, renvoie plus à une hypothèse micro-sociologique d’imitation passive ; interpréter la non-diffusion ou diffusion limitée à partir d’une hypothèse de résistance passive au changement. Nous terminons alors ce troisième chapitre en convenant de la nécessité de bâtir un maillage de relations entre ces deux courants (soufflées par une observation empirique) et d’appréhender les nouvelles logiques sociales à l’oeuvre dans la diffusion de l’innovation en milieu rural à partir d’un concept unificateur, celui de médiation sociale.

Notes
144.

Boudon R., Bourricaud F., (1986), « Dictionnaire critique de la sociologie », deuxième édition, PUF, Paris.

145.

Ibidem.