1.1.1. L’appel des 400

Dans les années 70, deux types de médiateurs avaient été identifiés : le premier, technique, avait pour rôle de former des praticiens, tandis que le second, social, cherchait à interpréter la demande sociale et à y répondre en inventant une nouvelle articulation entre les moyens et les usages, c’est-à-dire en suggérant et en testant de nouvelles pratiques sociales. Ainsi, au début des années 70, des collaborations étroites entre chercheurs et syndicats s’étaient nouées autour d’un projet qui est resté dans les mémoires sous le nom de « l’appel des quatre cents ». Cette tentative qui visait notamment à concilier « le monde de l’oralité », à savoir les syndicats, et celui de l’écrit, à savoir la recherche (Carré D., p298, 1992)147, constitue l’un des premiers exemples du genre en matière d’insertion du monde scientifique dans le champ des rapports sociaux, et ce avec l’objectif affiché de se poser en intermédiaire-relais de l’information.

Ce processus s’amplifie et se matérialise lorsque la Confédération Française du Travail décide en 1978 de créer une structure de conseil aux organisations syndicales dans le domaine du changement technologique. Ce groupe, essentiellement composé d’ingénieurs, de sociologues, d’économistes et d’informaticiens veut être un centre de réflexion pour faire progresser l’analyse des changements techniques, mais se présente surtout comme une force d’intervention et comme un partenaire-interlocuteur.

Notes
147.

Carré D., (1992), « Nouvelles pratiques sociales en matière de médiation technico-culturelle », Les nouveaux espaces de l’information et de la communication, SFISC, Congrès Inforcom, mai.