2.2.2. Le réseau : la chaîne des médiations ?

Tous les rapports humains sont producteurs de médiation (notion sur laquelle nous reviendrons encore) si l’on veut bien envisager cette dernière dans le sens le plus large qui soit : ils se démultiplient, s’autonomisent parfois164, mais leur chaîne globale est bel et bien toujours présente. C’est à ce titre que le concept de médiation nous intéresse doublement, c’est-à-dire non seulement comme processus permettant de régler un différend mais aussi comme outil théorique permettant de comprendre et de démêler l’interpénétration de ces rapports. N. Elias a mis l’accent sur le fait que les interdépendances sociales s’accroissent au fur et à mesure que la société se démultiplie en unités fonctionnelles autonomes (Elias N., 1991)165 et B. Floris note avec lui que le concept de médiation permet d’appréhender cette caractéristique d’autonomie-interdépendance des champs. Partant de ce principe que les rapports sociaux sont en même temps des média pour d’autres rapports sociaux et que la médiation est, en quelque sorte, le processus externe ( au sens de visible) de l’articulation, de l’interpénétration et de l’interaction entre des champs sociaux, nous poursuivons, à l’inverse, ce raisonnement et pensons que cette interpénétration ne va pas toujours de soi : il est parfois nécessaire de construire un processus de médiation pour mettre en relation ces différents champs. Ceci implique, relativement à notre cas, que nous formulons cette hypothèse :

Mettre l’accent sur une nouvelle configuration des rapports sociaux à l’échelle d’un territoire ne signifie pas que nous nous plaçons dans une acception numérique du terme diffusion ; il s’agit plutôt d’insister sur la mise en place de relations nouvelles et qui faisaient défaut dans l’amorce d’un processus de diffusion.

Notes
164.

Floris B., (1995), op. cit.

165.

Elias N., (1991), « Qu’est-ce que la sociologie ? », L’aube, Paris.