2.3. Une médiation nécessairement politique

Il manquerait à notre analyse un élément indispensable si nous ne précisions pas que la médiation est, intrinsèquement et nécessairement, politique. En effet, comme le souligne B. Lamizet, la médiation ne peut faire l’objet d’une expérience que lorsque des acteurs sociaux sont en mesure de lui donner une consistance effective dans l’espace public, étant entendu qu’il ne s’agit pas de personnes singulières ou de sujets porteurs d’une identité propre, mais bel et bien d’acteurs nécessairement investis d’une certaine représentativité.

En quelque sorte, et ceci n’est pas du tout incompatible, bien au contraire, avec ce que nous avons déjà dit des leaders, cela signifie que, dans l’expérience de la médiation, nous n’avons pas à faire à des acteurs qui n’existent que par eux-mêmes mais à des acteurs dont l’existence est précisément soumise à la reconnaissance dont ils sont l’objet de la part de ceux qui appartiennent à une communauté. C’est aussi de cette manière que nous pouvons comprendre que la médiation est bien ce qui permet de passer de l’individuel (ou du singulier) au collectif. A ce titre, une mention particulière doit être accordée à un acteur dont nous n’avons encore rien dit ou presque, à savoir l’institution.

En effet, les institutions dont nous reconnaissons la légitimité et la validité composent notre culture : « ‘elles représentent, ensemble, les formes par lesquelles nous donnons une visibilité à notre appartenance sociale »’ (Lamizet B., p178, 1999), et c’est en ce sens qu’elles nous donnent, éventuellement (c’est-à-dire si nous exploitons et décidons de mettre en oeuvre ce potentiel) les moyens de nous constituer en une forme d’acteur collectif, « ‘nous faisant accéder, ainsi, au statut d’acteur de l’histoire »’ (op. cit). L’institution est donc, d’abord, la médiation entre le singulier et le collectif.