3. Le réseau, la médiation : de la confiance au partenariat

Nous ne récusons pas le terme de diffusion : il est approprié pour caractériser le développement massif puis généralisé d’une innovation et correspond effectivement à une phase ultime avant que l’innovation ne devienne pérenne. En revanche, la faiblesse relative des deux principaux mouvements que nous avons évoqués dans le chapitre 3 réside dans leur difficulté à expliquer à partir de quoi et pourquoi une diffusion s’opère ; pour schématiser, en t0, il n’y a rien, en t1, la diffusion s’opère. Nous proposons justement de montrer que le passage de l’un à l’autre ne peut s’expliquer que par la présence, à un moment donné, d’une forme de médiation d’une part entre les différents champs d’une société, de l’autre entre l’innovation et ceux qui l’utiliseront.

D’ailleurs, comme le souligne F. Rudolf166 à propos de notre posture (en général) face à la modernité qui prend forme sous les traits de la technique, « ‘nous sommes plus souvent dans la situation du naïf ou du profane que dans celle de l’homme éclairé, d’où la nécessité d’un climat de confiance pour le fonctionnement de la société’ » (Rudolf F., 1995). Cette allusion à la confiance, laquelle « ‘consiste à accepter tacitement les circonstances dans lesquelles on n’a pas le choix’  » (Klinger M., 1995)167, rentre très justement dans le cadre étudié ici. Insister sur le rôle de la médiation et sur la nécessité de favoriser son développement, c’est mettre en avant les individus qui ont la lourde tâche d’assurer le lien entre « confiance-personne » et « confiance-système ».

Notes
166.

Rudolf F., (1995), « Le risque comme métaphore de la modernité avancée », Société, n°48, Dunod.

167.

Klinger M., (1995), « Relations de service et sentiment de confiance », Société, n°48, Dunod.