3.4. Le partenariat comme symptôme et cadre de la médiation

Depuis quelques années, un débat s’est organisé autour de la question de savoir si le partenariat était un concept ou un objet de recherche (Maroy C., 1997)178. Comme le souligne l’auteur, il nous paraît plus approprié de se porter sur les processus dont l’usage de cette notion n’est que la manifestation verbale. De notre point de vue, la médiation est justement l’une de ces manifestations. Si la définition minimale que l’on peut donner de ce concept le réduit à une action commune négociée, une approche moins tronquée permet d’insister sur la dimension suivante : l’établissement de relations formelles et informelles entre individus, groupes et/ou organisations est un moyen de parvenir à des résultats supérieurs à ceux que pouvaient atteindre les membres-participants.

En outre, le point de départ d’une action partenariale réside dans la perception qu’une situation est en soi conflictuelle (ou dite problématique, mais dans l’usage familier du terme) et que le consensus est à l’arrivée plutôt qu’à l’entrée, c’est-à-dire, que loin d’être donné d’emblée, il est à construire. La force de l’idée de partenariat serait donc de conjuguer dans une vision organisée des alliances plus larges. Ce serait en quelque sorte un travail social d’articulation entre les acteurs et pratiques de sphères différentes. C’est aussi en cela que le partenariat, comme la médiation, relève plus d’une pratique à construire ou d’un processus que d’une forme d’organisation.

Ce qui importe ici tient dans la citation que J. Clénet et C. Gérard donne de la tension créatrice et de l’hétérogénéité: « ‘partenariats et réseaux ne sont pas forcément fondés sur des valeurs communes, qu’elles soient institutionnelles ou actorielles, pas plus d’ailleurs que sur des confiances faites a priori. (...) Au contraire, ce serait des confrontations de logiques différentes, de savoirs différents, d’intérêts différents que naîtraient des projets et l’innovation, donc la problématisation et les réponses construites. En effet, ce n’est pas de l’homogène que naissent les tensions, voire les conflits, qui permettent la création, mais bien de l’hétérogène’. » (Clénet J., Gérard C., 1994)179 

Dans le contexte décrit au chapitre 2, cela revient à dire que les politiques et institutionnels, les offreurs de technologie et les usagers potentiels sont des acteurs qui se débattent avec des problèmes communs, mais des stratégies et intérêts divergents. Nous proposons donc, comme aboutissement du concept de médiation, l’idée que cette dernière engendre un processus qui rend possible la pratique sociale du partenariat. C’est particulièrement dans le contexte de confusion et d’incertitude décrit (quant aux perspectives entrevues par les milieux ruraux dans une société de l’information en construction) qu’elle offre un cadre d’analyse pertinent.

Notes
178.

Maroy C., (1997), « Le partenariat, concept ou objet d’analyse ? », Revue Education Permanente, n°131.

179.

Clénet J., Gérard C., (1994), « Partenariat et alternance en éducation, des pratiques à construire », L’Harmattan, Paris.