1. La question de l’intervention sociologique

Toute recherche empirique comporte nécessairement une tension entre l’intériorité et l’extériorité, entre la proximité et la distance (Crozier M., Friedberg E., 1977)180 ; de nombreuses discussions sur le sujet ont déjà divisé les Sciences Sociales et le consensus sur le sujet est loin d’être établi. Nous n’avions pas l’intention d’alimenter par un récit supplémentaire ce débat déjà riche et entretenu mais le problème qui se posait, au-delà des discussions entre écoles, était d’être en mesure de constituer un savoir qui ne soit pas uniquement composé de fugaces sensations.

Ceci est le premier écueil qu’il nous a fallu éviter car notre participation régulière au groupe de travail qui a fait principalement l’objet de notre recherche nous a mis dans une situation de proximité - ceci allant jusqu’à l’instauration de relations amicales - où la sensation pouvait facilement l’emporter sur l’observation. Nous étions venue pour être observatrice occasionnel mais nous sommes repartie dès la première réunion en tant que participante. Ceci nous a conduit à choisir dès le début une posture d’observation qui n’était pas sans conséquence.

Quant au deuxième terrain, prise sous le feu d’enjeux dépassant largement notre objet, nous avons dû adopter « la casquette » de l’acteur missionné par l’institution en charge du projet, condition contraignante mais néanmoins nécessaire pour obtenir de précieux laisser-passer vers des rendez-vous prometteurs et riches d’enseignements.

Notes
180.

Crozier M., Friedberg E., (1977), « L’acteur et le système », Seuil, Paris.