4.3.2. L’intérêt de cette clef d’entrée pour nos terrains

Deux raisons principales nous ont conduite à retenir cette clef d’entrée pour procéder à l’analyse de contenu de nos différents corpus. La première est liée à la diversité des interlocuteurs que nous avons interrogés : tous étaient amenés à s’exprimer sur un sujet unique mais à partir de positions très différenciées, allant du bénévole de l’action locale au secrétaire général de préfecture, en passant par des professionnels du tourisme, des maires ou des enseignants. Nous pouvions raisonnablement émettre l’hypothèse que chacun allait s’exprimer en se référant plus à un monde qu’à un autre, ou au contraire en faisant étonnament coexister en permanence l’ensemble de ces mondes sociaux. La validation de l’une ou l’autre de ces hypothèses pouvait donc apporter beaucoup quant à notre compréhension de la perception qu’avait notre interlocuteur de l’innovation et de sa diffusion.

La deuxième raison tient dans la variété des supports de notre analyse de contenu. En effet, si l’on considère que trois grandes catégories de corpus peuvent être identifiées, les compte rendus de réunion, les transcriptions d’entretiens et les documents annexes générés par les deux terrains, nous sommes amenée à formuler la remarque suivante. Un seul et unique interlocuteur ne tiendra pas le même discours dans une situation d’entretien, dans une réunion collective et dans un document écrit. Par exemple, on peut raisonnablement penser que des questions d’ordre stratégique ou technique seront discutées lors d’une réunion ayant trait à un projet novateur de développement local alors que chaque participant à la réunion, pris isolément, se placera plus dans une stratégie de persuasion, soit en affichant des valeurs et en se mettant en scène, soit en cherchant à imposer des valeurs à l’interviewer pour le convaincre. De la réunion à l’entretien, ce ne sont probablement pas les mêmes mondes qui seront mobilisés. C’est cette possibilité de richesse que nous avons voulu exploiter.