5.3. Une évolution sensible du rôle des collectivités locales

Il est à peu près impossible de démarrer une recherche dans un milieu rural sans être confronté à un moment ou à un autre à un acteur local au sens fort et institutionnel du terme cette fois-ci. Les deux expériences qui ont nourri notre recherche n’échappent pas à la règle et nous pensons que les quelques remarques qui suivent peuvent aider à la compréhension générale du contexte d’action observé.

C’est en termes de dualité qu’il faut, semble-t-il, appréhender la question de l’action des collectivités locales en matière de développement local, surtout lorsque l’objet de la recherche a trait à l’innovation socio-technique. En effet, si les collectivités locales sont bien souvent et globalement perçues comme des acteurs sociaux de second plan, incapables de gérer la modernisation de la société, on leur accorde pourtant localement un crédit (au sens propre comme au sens figuré) en matière de gestion du changement et elles bénéficient d’une idée générale qui consiste à dire qu’elles participent à la transformation de la société. Taxées de résistantes au changement pendant deux décennies, elles se sont pourtant bel et bien adaptées.

Dès lors, au-delà de l’apprentissage de nouveaux comportements sur lesquels nous aurons matière à argumenter, nous pouvons d’ores et déjà souligner l’élément suivant , en tant qu’il participe fortement à la structuration du contexte d’action que nous avons souhaité observer : les collectivités locales abandonnent peu à peu, volontaires ou contraintes et forcées, la position de courtier en influence (toute proportion gardée) pour celle, totalement nouvelle, d’entrepreneur pour l’ensemble de la société.