1.1. Le contexte

1.1.1. le projet Inforoutes

La question de la diffusion des T.I.C. dans le département de l’Ardèche a été posée de façon très officielle lorsqu’en 1995, le conseiller général et maire de Saint-Agrève, ancien directeur de la DGT de l’opérateur public français des télécommunications et depuis secrétaire d’état au commerce extérieur, a fondé le Syndicat mixte Intercommunal à Vocation Unique193 (SIVU) des Inforoutes de l’Ardèche. Le projet consistait à installer dans les villes et villages du département des équipements modernes de télécommunications et de traitement informatique pour lutter contre l’isolement des communes, leur dépeuplement et la disparition de leurs activités traditionnelles, à commencer par l’école. Retenu dans le cadre des expérimentations sur la société de l’information lancées par le gouvernement en 1995, sa philosophie globale est celle de l’aménagement du territoire à travers le développement des T.I.C. Si la première phase de sensibilisation a permis de lancer le projet (ce sont donc les représentants des Inforoutes qui sont allés au devant des communes et de leurs administrés), ce sont aujourd’hui les communes qui sollicitent le SIVU, lequel rassemble désormais près de 170 communes sur le département de l’Ardèche essentiellement et quelques communes situées dans la zone limitrophe.

La vocation unique de ce syndicat consiste donc à équiper communes et établissements scolaires dès lors que l’adhésion a été entérinée et si tant est que la commune en fasse la demande. Ainsi, au-delà des services offerts (la création d’un serveur web avec des possibilités d’hébergement, la création d’un pont de visio-conférence, la création de centres multi-média intercommunaux en sont les exemples les plus importants), cela signifie que moyennant la contribution de 3 francs par an et par habitant, le SIVU s’engage à installer un micro-ordinateur dans chaque école194, à donner un accès à Internet gratuit (seule la communication locale est facturée) et à former sur le plan technique les enseignants et/ou personnels de mairie qui le désirent.

Des modules de formation195 organisés par demi-journées sont proposés aux particuliers, aux enseignants ou aux entreprises et couvrent le champ des possibles pour une mise à niveau dans l’utilisation des T.I.C., la formation étant dispensée par une équipe de 5 acteurs du SIVU. Témoignant donc d’un volontarisme sans précédent dans le département, l’action de ce syndicat a pris une ampleur à laquelle les instigateurs du projet ne s’attendaient pas eux-mêmes. Elle constitue ce que l’on pourrait appeler l’initiative de référence, officielle, en matière de diffusion des T.I.C. sur ce département. Parallèlement, elle a occasionné un foisonnement d’initiatives privées ou semi-privées sur l’ensemble du département, ne serait-ce que parce que les Inforoutes ont amené un certain nombre d’acteurs à se poser la question de leur intérêt et des opportunités d’adhésion.

Notons également que les statuts déposés à la création du syndicat portent la trace de cette volonté d’initier une dynamique à l’échelle du territoire :

  • recenser les projets appelés à s’intégrer aux Inforoutes en milieu rural

  • offrir une expertise technique aux porteurs de projet en vue de leur intégration, après avoir vérifié notamment l’équilibre budgétaire du projet présenté et de ses possibilités d’intégration au regard des autres applications

  • tenir à jour ainsi que diffuser la liste des projets actifs ainsi que leur “ mode d’emploi ”

  • évaluer l’impact de chaque projet au regard de son coût d’investissement et de fonctionnement

  • proposer toute évolution de nature à optimiser le dispositif existant

  • recueillir les fonds nécessaires à sa mise en oeuvre et à son fonctionnement.

Soulignons pour finir que ce syndicat insiste sur sa mission de service public et essaie de se gendarmer pour ne pas trop empiéter sur le domaine de la concurrence. Cette précision est loin d’être négligeable quand on sait, d’une part, à quel point les enjeux économiques liés à la diffusion de cette innovation influent sur les possibilités d’action, de l’autre dans quelle mesure certains projets ou partenariats associent des acteurs privés qui militent autant pour le développement local que pour le développement de leur marché.

Notes
193.

Le fait que ce soit un SIVU qui ait été créé et non un SIVOM (Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple) prouve à quel point la prise de conscience concernant le potentiel des TIC a été aiguë : une structure leur est entièrement dédiée.

194.

Sur les 370 écoles que compte le département ardéchois, 170 ont été équipées et sont désormais connectées à Internet. En revanche, sur les 170 communes adhérentes, seulement 12 ont demandé leur connexion à l’Internet. Concernant les centres de communication, imaginés dans l’esprit de leurs concepteurs comme des lieux d’accueil permettant de découvrir les T.I.C., de se former ou simplement de les utiliser, 12 sont effectivement en place et fonctionnent, ce chiffre devant passer à 19 d’ici la fin de l’année 1999.

195.

Onze modules sont présentés, allant du module 1 « prise en main du micro-ordinateur » au module 10 « création de pages web et traitement des images ». Pour l’année 1998, 27 modules ont été organisés pour des particuliers, 55 pour des entreprises, et 400 séances pour des enseignants. Cette disparité n’a rien d’étonnant, d’abord parce que les cours sont gratuits pour le public des enseignants, ensuite parce que ces derniers sont directement en contact avec la logique des Inforoutes via l’équipement des écoles, enfin parce que la formation en elle-même ne revêt pas un grand sens si elle ne peut pas être prolongée, faute d’équipement.