1.3.5. Le projet du groupe : une plate-forme collective électronique de communication

Au-delà des spécifications techniques que la plupart des participants ne maîtrisaient pas, ce projet a été présentée comme étant la résultante des réflexions menées par le groupe depuis décembre 1996. Pour éviter toute interprétation de notre part, nous énonçons ici les principaux objectifs poursuivis et identifions des exemples d’applications possibles prévus dès l’origine par les concepteurs, sans commenter ni les uns ni les autres. Il s’agissait d’exploiter des applications que les britanniques auraient qualifié de versatiles au début des années 70, désignant ainsi leur propension à une certaine malléabilité. Comme le souligne J Perriault, « ‘l’hypothèse était séduisante de les considérer comme une pâte à modeler et de voir la forme qu’ils prenaient selon les usages qu’on en faisait’  » (Perriault J., p15, 1989)201.

Telle qu’elle a été pensée par le groupe, la création d’une plate forme de communication locale avait l’obligation d’atteindre ces trois objectifs principaux :

Pour faciliter la mise en oeuvre de cette plate-forme, les principes de base retenus par le groupe ont été les suivants, techniques et non techniques : l’utilisation de l’existant, l’adhésion aux standards du marché, la concertation et l’ouverture.

Le seul et unique résultat annoncé202 par les porteurs du projet tient dans cette expression : faire d’une application unique un laboratoire expérimental sur lequel la dynamisation du territoire puisse venir prendre appui (capitalisation de ressources) et ce avec toutes ses heureuses conséquences. L’important est que cette plate-forme de communication n’a pas vocation à remplacer ou recréer des outils existants mais à en faciliter la diffusion, l’interconnexion et donc l’utilisation par tous à terme. Les concepteurs ont enfin précisé qu’un projet de cette nature pouvait devenir rentable au bout de deux ans. Son activité a été effectivement lancée à la fin de l’année 1997, sous forme de test.

Des exemples d’applications envisagées
Type d’organisations et d’utilisateurs Services offerts
par le réseau
Valeur
ajoutée





Entreprises industrielles
Courrier électronique Délais, réactivité, coût
Catalogue électronique de produits et services Réactivité, diffusion, présence dans l’environnement local, optimisation de l’offre
Catalogue électronique de produits et services sélectionnés ou adaptés vers l’intérieur et l’extérieur (Internet) Extension des activités en local et à l’export
Partage de ressources et entreprises virtuelles Elargissement de l’offre possible
Services (ex : banques) Professions libérales (ex : architectes, avocats) Guichet électronique, EDI Coût, date de valeur
Services, dossiers, accès et travail distant Réactivité, suivi en temps réel et partenariat élargi
Collectivités, communes, et syndicats intercommunaux (ex : Siva, Seba)
Courrier électronique sécurisé Délais de diffusion, réactivité, multi diffusion, coût
Diffusion d’informations publiques ou restreintes (Forum, bornes, ...), appels d’offres, groupement de commandes Largeur de diffusion, coût de diffusion, économies d’échelle
Réunions et prise de décision Elargissement de la concertation
Associatif/Social
Informations, statuts, dossiers de partenariat, offre et activités Meilleure information, coût
Informations et courrier électronique Partage des apports de la technologie
Administrations (préfecture, urssaf) Diffusion de l’information, transfert de données Coût de diffusion, réactivité, satisfaction des usagers
Population
Information, courrier électronique, partage de ressources, toute technologie de communication Accès à l’information locale facilité, services à domicile, coût limité, etc

Trois autres projets ont été lancés par des membres du groupe, favorisés par le travail de conceptualisation liée à l’élaboration de cette plate-forme. Dans la mesure où les trois projets en question (un chantier coopératif203, une bourse d’échange pour un réseau d’hôteliers204 et une base de données autour de la gestion de l’eau avec une mise à jour de l’information en temps réel) sont les fruits produits par la réflexion qui a entouré la mise en oeuvre du premier, nous n’avons présenté ici que les grands principes du « projet-père ». Le groupe a donc été à l’origine de plusieurs réalisations complètement abouties et supportées205 par les T.I.C., qui toutes ont contribué à créer de nouvelles logiques d’usages ancrées dans les pratiques professionnelles des participants et de leur entourage, puisque générées par eux. Certaines permettent effectivement de parler de diffusion de l’innovation puisqu’il s’agit d’une multiplication du nombre d’individus découvrant puis utilisant des applications dont les usages sont déjà bien connus et stabilisés dans certaines franges de la population. D’autres nous conduisent à préférer le terme de construction de nouveaux usages, dans la mesure où elles ne concernent qu’un nombre limité d’individus mais préfigurent peut-être ce que seront les télé-activités.

Notes
201.

Perriault J., (1989), « La logique de l’usage », Flammarion, Paris.

202.

Mais d’autres peuvent être attendus...

203.

Le chantier coopératif est un concept développé par le chef d’entreprise prestataires de services dans le domaine de l’informatique, l’architecte et la consultante en organisation membres de Grimpi. Destiné aux métiers du bâtiment, il permet à l’ensemble des intervenants d’un chantier de travailler autour d’une base de données commune accessible depuis Internet, par mot de passe sécurisé. Ainsi, le maître d’ouvrage, le maître d’oeuvre, les bureaux d’études, l’architecte et tous les corps de métier du bâtiment participent en temps réel à une base documentaire rassemblant l’ensemble des éléments constitutifs d’un chantier (plans, devis, appels d’offre, suivis de chantier, règlements). Cette application, dans une optique de traçabilité de l’information est également destinée à faciliter l’intégration d’une démarche-qualité sans contrainte lourde pour les entreprises.

204.

Cette bourse d’échange n’est pas encore constituée car sa conceptualisation n’est pas encore satisfaisante. Techniquement elle fait appel aux principes des bases de données déductives qui facilitent la rencontre et la mise en adéquation d’une offre et d’une demande. Ce type d’applications existe déjà sur Internet, par exemple dans le domaine du tourisme, mais est appelé à être considérablement amélioré.

205.

Nous utilisons volontairement cet anglicisme car il renvoie mieux à la réalité que nous décrivons cependant que le français n’offre pas de traduction adaptée comprise en un seul terme.