2.1.1. Les T.I.C. vues comme un simple outil

A force d’utiliser le sigle T.I.C., on finit presque par oublier que c’est la technologie qui se cache derrière le « t ». Insister sur cette première déclinaison de l’abréviation, c’est opérer une première lecture du discours du groupe et de ses membres interrogés isolément à travers ce prisme de la technologie. De fait, l’une des premières images de la technologie devient alors :

‘« Internet, ce n’est rien de plus qu’un outil », « Les T.I.C., c’est d’abord un outil », « Il faut chercher l’optimisation des moyens », « le gros enjeu, c’est l’amélioration des infrastructures », « l’étude de la faisabilité et de la viabilité des différents projets télématiques du territoire est vitale». ’

Les T.I.C. sont envisagées ici dans leur dimension matérielle et instrumentale et tout le discours qui leur est associé renvoie à une image froide, au sens de neutre, de l’innovation télématique. Dans une visée utilitariste, (Boltanski et Thévenot parleraient du monde industriel), les termes auxquels la technologie est appariée sont ici les témoins d’un souci d’efficacité. Il est question d’optimisation, d’amélioration ou bien encore de faisabilité ou de viabilité. Il est intéressant de constater que cette approche est également valable pour le projet technologique dont le groupe a été porteur. Mesiane est tour à tour présenté comme une plate-forme électronique opérationnelle, un centre de ressources techniques ou encore un projet technologique rentable sur deux ans. Aux vues de ces seuls extraits, il est impossible d’identifier quel imaginaire social se dessine derrière ces approches, sauf celui d’un monde « ‘où trouvent leur place les objets techniques et les méthodes scientifiques (...) où l’ordonnance du monde repose sur l’efficacité des êtres, leur performance, leur productivité, leur capacité à assurer une fonction normale, à répondre utilement aux besoins’ » (Boltanski L., Thévenot L., p254, 1991)²¹⁸. Tout l’intérêt d’une analyse de cet imaginaire social tient dans la cohabitation de ce premier monde avec les deux suivants, mondes dans lesquels la technologie quitte son statut d’objet neutre et froid et prend un nouveau sens.