Ainsi, la force et l’intérêt du groupe263 résident-ils dans sa capacité à faire là où un individu isolé ne pouvait qu’échouer, le nombre et la diversité des participants, auréolés par la présence d’un notable, devenant un gage de sérieux et de crédibilité. Le terme de pionnier a été évoqué à plusieurs reprises dans les compte rendus de réunions mais beaucoup moins dans les entretiens, comme s’il apparaissait une fois le groupe constitué et galvanisé.
Si la figure du pionnier est habituelle dans une situation d’entreprise où prévalent des logiques de marché, elle semble moins répandue dans une sphère où l’engagement n’est pas compté mais toujours effectué dans le cadre du groupe. Sans trahir l’esprit de Grimpi, nous pouvons noter que seul le chef d’entreprise a joué ce rôle individuel de pionnier, mais que c’est par son appartenance à un groupe qu’il a pu le défendre et le faire valoir auprès d’acteurs à sensibiliser. C’est aussi pour cette raison que nous nous permettons d’emprunter à D. Ségrestin l’expression de « communauté pertinente de l’action collective » (Ségrestin D., 1980)264 pour qualifier Grimpi autrement que par le terme de pionnier.
Au-delà de l’inscription dans des réseaux différents, phénomène qui joue dans l’amorce d’une diffusion et dont nous avons déjà parlé.
Ségrestin D., (1980), « Les communautés pertinentes de l’action collective », Revue française de sociologie, n°2.