4.3.1. L’identification des freins et l’explicitation des besoins

‘« Pour moi, les télé-activités, c’était une grosse nébuleuse à laquelle j’étais farouchement opposée et depuis que j’ai travaillé avec des gens de Grimpi, que je les ai côtoyés régulièrement, qu’ils m’ont parlé de ce que c’était, qu’ils m’ont expliqué à quoi ça pouvait servir, j’ai un peu avancé. C’est vrai qu’avant, j’étais vraiment quelqu’un de très opposé...d’ailleurs, c’est ce que je leur ai dit, je trouverais intéressant que le groupe utilise la matière de personnes comme moi qui sont des fraîchement converties pour justement comprendre pourquoi les gens sont opposés à ça » (une chargée de mission à la Chambre d’Agriculture).’

Ce serait mentir que de dire que la présence de néophytes en matière de technologies a été pensée et voulue dès le début comme un point de référence dans l’identification des freins à la diffusion de l’innovation et dans l’explicitation des besoins de la population. En revanche, c’est effectivement dans cette optique que les candides du groupe ont d’autant plus rapidement trouvé leur place qu’une part importante de la réflexion supposait que soient connues leurs opinions sur la question. Ainsi, bien que l’un des participants ait écrit avec beaucoup d’humour qu’il fallait envisager tout de suite la première classe pour tout le monde 265, le groupe s’est donc tourné (au moins dans la première année de son existence) vers une approche dite « centrée usager266 ». L’intérêt de la démarche et le fait que nous la relations ici ne sont pas tant liés aux résultats auxquels elle a conduits267 qu’à l’accent que nous souhaitons porter sur une approche empirique dictée par aucune théorie, sauf celle du bon sens.

Notes
265.

Ce qui voulait dire dans le contexte de son propos qu’il n’y avait aucune raison pour que les outils les plus sophistiqués ne soient pas mis à la portée des plus démunis, les démunis ne l’étant pas faute de moyens financiers mais plutôt faute de connaissances.

266.

Sans en revendiquer la paternité, nous soulignons que cette appellation correspond très précisément à l’approche qui est adoptée par le laboratoire ICTT dans lequel nous avons effectué ce travail de recherche. Cette approche est travaillée par plusieurs chercheurs depuis de longues années.

267.

Il n’y a rien de surprenant en effet dans les peurs et freins identifiées (appauvrissement du contact humain, perte d’identité des territoires, fracture de la société, assimilation du monde rural à une zone-musée, etc...) si ce n’est (mais c’est probablement lié à l’engagement des interviewés) la crainte répétée de voir dans l’outil technologique une menace à l’exercice de la démocratie si la diffusion inégale semblait persister.