5.3.2. L’absence d’un acteur public fort et la méconnaissance des incontournables ?

Peut-on reprocher à Grimpi de s’être doté d’un nombre insuffisant de partenaires, estimant sans doute que la caution morale et officieuse du sous-préfet suffisait à son argumentaire ? Face aux difficultés rencontrées, les deux éléments d’explication qui suivent nous poussent à dire oui et ouvrent la discussion sur une autre interprétation du médiateur et du tiers. Il semblerait d’abord qu’il ait manqué dans le dispositif de Grimpi un gros acteur public dont la notoriété et la fonction soient suffisamment fortes pour être exemplaires. Le groupe a bien senti qu’il ne pouvait agir seul et qu’un isolement des sphères où gravitent les décideurs était suicidaire mais c’est sans doute sur le choix de la caution que le groupe s’est trompé, ce qui n’enlève rien à la qualité du partenaire. Reprenons cet extrait déjà cité « ‘En tant que groupe d’information, Grimpi a un peu échoué... on n’a pas réussi à nouer un vrai contact avec les vrais décideurs ». ’C’est le premier élément d’explication.

Quant au deuxième, il peut s’énoncer ainsi : il existe des acteurs locaux incontournables, et la réalisation de projets suppose qu’on les ait identifiés. Ainsi, si l’intérêt du groupe était d’être inscrit dans des réseaux différents, si la rencontre entre l’offre et la demande paraissait impossible pour certains, si le principal problème à résoudre était celui de la confiance et s’il fallait effectivement privilégier des médiations de type pays, c’est d’abord à l’identification certaine des acteurs qui entraînent la décision qu’il aurait fallu procéder. Comme le souligne E. Friedberg, ‘« l’environnement n’est pas abstrait, les membres d’une organisation ont des relations avec des personnes-relais qui personnifient des pans entiers de l’environnement. (...) Pour agir avec succès, encore faut-il que les acteurs de l’organisation puissent construire un réseau d’interlocuteurs pertinents. Ces relais permettent de réduire l’incertitude liée à l’environnement et de le négocier en partie »’ (Friedberg E., p101, 1993)273.

Notes
273.

Friedberg E., (1993), op. cit.