2.2.1. La culture cyber dans le monde de la proximité : les T.I.C. face à la population locale

Lorsqu’on envisage de sérier la population en partant sur une classification où se mélangent tous les critères (les jeunes, les entreprises, les citoyens), la définition de l’administré, de l’habitant ou encore du citoyen, se télescope souvent avec celle de l’usager. C’est en tous les cas à cette conclusion que les tenants du projet ont abouti. L’idée d’insuffler la culture du cyber en passant par un service public auquel tout individu a régulièrement recours s’est alors imposée rapidement : la Poste a été choisie et un projet s’est bâti autour de cette administration.

C’est ainsi qu’il a été décidé de mettre 3500 adresses électroniques à disposition de tous les habitants301 en partant du principe que le meilleur atout de la technologie (associée au monde industriel) était ses possibilités de transposition dans ce que nous appelons, avec L. Boltanski et L. Thévenot, le monde domestique.

‘« La population locale serait amenée à maîtriser et mieux utiliser les T.I.C. grâce à un geste simple et familier, le courrier, devenu, pour 3500 foyers, le courrier électronique » ’

Nous reviendrons bien entendu sur les dangers d’une mise à disposition dont on attend une diffusion automatique de nouveaux usages mais c’est l’ensemble des habitants du plateau qui se sont vu proposés une adresse électronique au début de l’année 1998, expérience désormais connue sous l’appellation de Cyber-Poste. Dans cet extrait d’entretien, on note à l’évidence une conviction forte quant à la possibilité qu’un geste qualifié de simple et familier (nous sommes donc bien dans l’univers du domestique) soit prolongé par la technologie, la référence au foyer et non à l’usager, renforçant encore cette inscription de l’innovation dans la proximité et le quotidien.

Notes
301.

Les trois atouts qui augurent de la réussite du plateau dans la conduite du projet sont définis ainsi en 1995 : une situation géographique privilégiée, la volonté des élus du district...et l’esprit d’adaptation des habitants. Un de nos interlocuteurs dira non sans ironie : « je suis ravi de l’apprendre, je ne savais pas qu’on pensait que j’étais adaptable » (un instituteur).