3.1.2. Le recours aux alliés : nouer des partenariats avec des entreprises, faire venir des acteurs publics de grande notoriété

‘« En milieu rural, sur le plan local, on ne dissocie pas l’entreprise de son système. C’est toujours la logique de l’échange social qui permet de comprendre l’ensemble du système, il faut donc en tenir compte pour la diffusion de l’innovation technologique »’ (Saglio J., 1991)318. Nous pourrions renverser la proposition en disant que les instigateurs de Vercors Connect ont tenté au début d’envisager la diffusion de l’innovation sans dissocier le projet-système de ses entreprises.

Si cela paraît d’autant plus logique qu’un versant entier du projet leur était consacré et que l’avenir du Télespace supposait que les entreprises locales soient attirées319, il est intéressant de noter que les premiers partenariats noués avec de grands noms ne l’ont pas été dans la seule intention d’obtenir du matériel. Qu’il s’agisse de mécénat, de sponsoring ou de partenariat contractualisé comme ce fut le cas avec La Poste, ce sont au total six grandes entreprises ou groupes de dimension internationale qui ont été constamment associés aux présentations officielles du projet. La notoriété et la puissance économique incarnées dans ces partenaires en ont fait de véritables alliés pour communiquer sur le thème de la grandeur du projet, et par là-même témoigner de son intérêt et de sa viabilité.

En outre, bien que temporaire, la mobilisation réussie d’alliés encore plus puissants (rien de moins que le Président du Sénat et le Ministre de l’Education Nationale en visite à deux reprises pour aller à la rencontre d’expériences de terrain) a facilité l’acceptation du projet sur le plan local et national, démarche conduisant aujourd’hui à constater qu’il a presque été plus aisé de convaincre de hautes sphères de l’Etat de soutenir le projet que de gagner à sa cause d’éventuels partenaires jugés, au départ, naturellement et automatiquement impliqués. En quelque sorte, toute la réussite de cette démarche fut de donner à un projet ancré dans le local une grandeur pleine de prestige et une validation nationale.

Notes
318.

Saglio J., (1991), op. cit.

319.

Puisque nous nous en tenons pour le moment à une présentation de l’esprit qui a présidé à la mise en oeuvre de ce projet de société, citons simplement pour exemple le cas de ce maire-adjoint, hôtelier sur le Plateau, qui nous a fait remarquer « qu’à sa connaissance, aucun artisan ou autre commerçant n’a été sollicité ou gracieusement invité pour montrer l’exemple et participer au projet ».