Le terme de relais est revenu assez fréquemment dans toute la documentation qu’a occasionnée la mise en oeuvre du projet et a marqué (au moins pendant les premiers temps) la philosophie d’accompagnement des expériences lancées. Un animateur a été embauché au Télespace pour accueillir des acteurs économiques susceptibles d’être intéressés, pour organiser des actions spécifiques à destination de la population et pour favoriser l’émergence de micro-projets locaux. L’organisation de rencontres à thèmes et la création d’une association « travailler au Télespace » ont complété le dispositif censé établir le lien entre la technologie et la population. Au total, c’est à l’heure actuelle plus de deux mille visites qui ont été enregistrées.
Néanmoins, si l’on décompte les visites officielles, celles survenues lors des fêtes de l’Internet, les passages de journalistes ou consultants venus découvrir « l’objet », la fonction de relais reste bien ténue par rapport aux ambitions qui étaient affichées et pose la question d’un animateur obligé d’aller au-devant de ses futurs élèves.
C’est, à quelques nuances près, la même philosophie qui a été retenue pour l’expérience de la Cyber-Poste, l’embauche de deux emplois jeunes ayant permis d’accompagner les usagers dans leur découverte de l’e-mail. Il faut souligner la judicieuse idée qui a consisté à utiliser les compétences des élèves de la junior-entreprise pour participer aux permanences d’initiation au courrier électronique organisées par le District et la Poste.
En effet, en plus d’une fonction de relais et d’un apprentissage de la technologie, ce croisement de plusieurs sous-projets a été une des occasions327 de concrétiser les notions de fédération des compétences, de projet de société ou encore de mobilisation de tous les acteurs locaux concernés par les expériences menées, notions mises en avant lors de discours officiels.
Enfin, dans le dernier sous-projet, cette fonction d’animateur a été également prise en charge par un acteur très engagé dans divers mouvements associatifs, engagement qui l’a conduit à assumer pendant près de deux ans le rôle de l’homme-orchestre. Sa mission a en effet débordé largement les limites qu’on lui avait assignées puisque de concepteur du projet, il est devenu animateur des bases, gestionnaire des bases et moniteur le plus souvent pour accompagner les enseignants et les élèves dans la réalisation de leurs activités. Il est assez révélateur de constater que son départ a coïncidé avec une période de très faible activité, le nombre d’échanges entre les bases ayant soudainement diminué plus que de moitié. Bien entendu, nous reviendrons sur cet aspect de l’animation dans le courant de la dernière section consacrée à l’analyse (a posteriori) de ce que les sociologues des sciences appelleraient la déréalisation du projet.
Trop rares.