4.1.1. Les entreprises comme vecteur de la modernité

En partant du raisonnement fort juste qu’une région (ici le plateau) n’a de chance de survivre, voire de prospérer, que si son activité économique est florissante, on comprend aisément que le projet du Télespace ait été l’action principale328 dont le District souhaitait se servir. Dans cette optique, parler d’effet d’entraînement revient à envisager les entreprises comme le principal symbole et surtout vecteur de la modernité sur le plateau. On retrouve l’idée de la vitrine dont nous avons déjà parlé, à cette différence près qu’il ne s’agit plus d’une image à véhiculer à l’extérieur. L’intérêt d’équiper un bâtiment avec les technologies d’information et de communication les plus sophistiquées et d’attirer dès le départ des télétravailleurs procède du souci d’éveiller la curiosité et d’engendrer à terme un effet d’imitation.

On peut citer ici, pour illustrer cette démarche, les propos de la directrice du télécentre de Val de Moder qui affirmait ainsi : « ‘après trois ans de fonctionnement, j’ai su que j’avais gagné parce que les commerçants sont venus nous voir’ 329  ». L’échéance à laquelle le succès est envisagé paraît bien lointaine par rapport aux objectifs que le District s’est fixés mais l’anecdote permet de comprendre ce qu’un effet d’entraînement veut dire à l’échelle d’une collectivité. En revanche, on peut mettre en doute l’attrait de grandes entreprises extérieures à la sphère d’activité locale, la réaction de certains artisans ayant été, d’après un chargé de mission, celle d’un désintérêt face à un bâtiment qui ne leur était pas destiné.

Notes
328.

Rappelons qu’il a été qualifié de fédérateur.

329.

Dauphiné libéré, 24 octobre 1996.