5.1.1. Cyber-postier cherche cyber-usager

Entre l’annonce du printemps 1998 où le Vercors devenait un site-pilote et les premières évaluations présentées en public tout juste un an après, le projet CyberPoste s’est étendu sur l’ensemble du territoire national. Si l’embauche de cyberpostiers a permis de créer quelques animations autour de ce nouveau « produit-concept 334  », ce sont 210 cartes d’accès qui ont été vendues à l’échelle des quatre premières bornes réparties sur les communes. Quant aux sollicitations dont le cyber-postier fait l’objet, elles sont, de son point de vue « ‘relativement limités malgré mon rôle d’animateur et de prospecteur pour aller au devant des associations notamment et leur donner envie de s’initier’  ».

Les conclusions que les premières évaluations font ressortir sont plus que confirmées par les résultats de l’enquête que nous avons menée sur ce même plateau. A la question « avez-vous déjà utilisé le courrier électronique mis à votre disposition dans le bureau de poste de votre commune 335  », 90.6% des personnes interrogées ont répondu non. Quant aux possibilités de connexion à Internet dans le cadre du bureau de Poste, elles semblent être méconnues ou ignorées puisqu’à la question « si vous deviez vous connecter à Internet, où auriez-vous la possibilité de le faire », seulement 24.4% des foyers interrogées ont identifié336 la Poste comme possible intermédiaire.

Nous reviendrons largement dans la suite de notre développement sur cette faible notoriété et sur les raisons qui peuvent expliquer ce désintérêt. Pour le moment, il s’agit seulement de faire état des résultats337 permettant d’apprécier la réalité d’un processus amorcé il y a plus d’un an.

Notes
334.

Responsable de la communication pour le projet Cyberposte à la Direction départementale des Postes de l’Isère.

335.

Cette enquête a été réalisée au mois de juin 1999 auprès de 1200 foyers, avec un taux de retour des questionnaires exceptionnel puisque dépassant les 29%. Ce retour ne s’explique pas par un enthousiasme subit de la population pour le sujet mais par notre mode de collecte des données. Le questionnaire a été adressé aux parents, en passant par l’intermédiaire de leurs enfants et des instituteurs des écoles, impliqués dans les réseaux buissonniers. Sans que la réponse ne soit (cela va de soi) obligatoire, le seul label de l’école a suffi à entraîner un retour aussi massif. Les chiffres que nous présentons correspondent donc aux réponses apportées à nos questions par les 352 foyers qui ont rempli le questionnaire, l’ont remis à leurs enfants, lesquels l’ont rapporté aux instituteurs, qui nous l’ont à leur tour communiqué.

336.

Nous disons « identifier » car il ne s’agissait même pas d’apporter une réponse spontanée, auquel cas le pourcentage aurait été certainement encore plus faible. Les différents items proposés étaient les suivants : le domicile, le lieu de travail, l’école, La Poste, autre. Notons que dans « autre », les cybercafés ont été cités deux fois, l’entourage proche (famille et amis) trente deux fois, mais le Télespace pas une seule fois.

337.

Nous précisons, même si cela tombe sous le sens, que 90.6% de réponses négatives ne signifie pas que le courrier électronique n’a jamais été utilisé par ces foyers-là. Mais il s’agissait ici d’identifier la capacité d’un acteur et de son projet à créer un effet d’entraînement.