Cette formule familière que semblent dicter l’observation et le sens commun s’applique-t-elle à notre terrain d’observation ? Si l’on en juge par les résultats que nous avons obtenus aux questions permettant d’apprécier le taux d’équipement des foyers, la mission d’évangélisation ne relève pas de l’impossible, bien au contraire. En effet, sur les 352 foyers interrogés344, 71.6% ont répondu qu’ils utilisaient régulièrement l’informatique dans le cadre de leur profession, 58.5% ont affirmé qu’ils l’utilisaient également à des fins personnelles, et 59.9% ont affirmé qu’ils possédaient un ou plusieurs ordinateurs. Parmi cette majorité honorable de propriétaires, 43.6% ont noté qu’ils étaient équipés d’un modem à domicile et sur cette dernière frange, 59.7% avaient un abonnement privé à Internet345.
D’un autre côté, si la formule en question passe à travers les générations et les histoires, elle reflète peut-être effectivement une forte propension de l’individu à méconnaître ce qui est si facilement accessible. Nous reviendrons sur cette difficulté à apprécier ce qui relève du contexte et ce qui lui échappe mais soulignons que la notoriété limitée et l’image ternie du projet renvoient un reflet de la diffusion des télé-activités346 sur ce plateau probablement plus pâle que la réalité du nombre d’individus éclairés347.
Probablement plus «motivés» que les non-répondants.
Si l’on rapporte ces chiffres au total de la population interrogée, soit 352 foyers, cela signifie qu’environ 15% des foyers du Plateau ont un abonnement privé à Internet. Ce chiffre augmente légèrement si l’on rajoute les foyers qui ont la possibilité de se connecter à Internet depuis leur domicile en passant peut-être par un serveur central ou un centre de calcul situé sur le lieu de travail. Enfin, en croisant les réponses apportées aux questions concernant l’équipement en modem, la possibilité de se connecter à Internet, la possession d’un abonnement et les pratiques d’internautes experts ou en herbe, on peut avancer une autre explication pour asseoir notre évaluation : en effet, la multiplication d’offres publicitaires de CDroms (distribués avec le courrier) permettant de se connecter gratuitement à Internet pendant une cinquantaine d’heures semble être bien exploitée. Parmi les possesseurs de modems, plus d’une dizaine ont affirmé se connecter à Internet depuis leur domicile mais ont répondu non à la question concernant la possession d’un abonnement privé.
C’est tout le problème d’un projet d’envergure qui finit par se déconnecter des réalités dont il était parti et dont l’évolution en termes d’image et d’action entreprises ne correspond plus, à un moment donné, à l’évolution (les diffusionnistes diraient naturelle ou mécanique) de la société.
Nous empruntons cette formule au sous-préfet avec lequel nous avons travaillé pendant deux ans en Ardèche.