Le télétravail n’est plus d’actualité, l’effet de mode est passé. Sans exagérer, ce sont à peu près les commentaires que nous pourrions faire si nous mettions face à face l’année 1999 et par exemple 1993, celle du rapport Breton.
En effet, depuis les premières expériences et les commentaires euphoriques qui les ont accompagnées, l’environnement économique (les entreprises) et social (les individus que nous sommes, les associations) a digéré ces premières expériences, découvre de nouveaux usages, teste encore (et pour longtemps) de nouvelles pratiques. On parle aujourd’hui plus fréquemment de forums, d’espaces partagés, de travail collaboratif et si ces nouveaux modes d’agir et/ou de communiquer sont bien loin d’être stabilisés, il reste qu’ils secouent le (vieux) mythe du télétravail qui permet à tous de travailler dans un environnement privilégié. Non pas que l’idée ait été abandonnée mais simplement parce qu’elle a été réduite à ce qu’elle devait être, un futur possible, une solution parmi d’autres méritant d’être expérimentée. Jusqu’ici, il n’y a rien qui pose problème, si ce n’est qu’on constate une fois de plus que l’Histoire se répète et que les plus grands fantasmes (mêlés de crainte et d’envie) cèdent peu à peu le pas à un réalisme et à un pragmatisme plus rassurants.
En outre, lorsque nous détaillons l’historique du projet observé, nous constatons que Vercors Connect s’est bâti sur l’effervescence des télé-activités mais n’a pas vraiment évolué techniquement depuis. En quelque sorte, le projet semble avoir des difficultés à évoluer, et laisse apparaître sa principale faille, celle d’un positionnement de plus en plus décalé entre le contexte des entreprises, les aspirations des salariés et le modèle de société qui semblait il y a cinq ans devoir l’emporter. Nous avons parlé d’effet de halo, souhaitant montrer que les postulats sur lesquels s’était appuyé Vercors Connect avaient peut-être occulté d’autres évolutions à venir et aveuglé les principaux instigateurs du projet, conduisant le Directeur du District à constater que les technologies avancent trop vite.
Par rapport aux intentions d’expérimentation dont nous avons parlé au tout début de notre développement, compte tenu des références à la révolution technologique et à une démarche de visionnaire, cela signifie, à l’échelle d’un projet comme Vercors Connect, l’obligation d’être toujours à la pointe de cette technologie quand il ne s’agit pas de faire de la veille. L’appropriation des technologies et la stabilisation des usages qui se créent ne doivent pas occulter l’environnement socio-technique dans lequel des acteurs évoluent, environnement que nous avons déjà qualifié de très volatil. C’est sur cet écueil que sont tombés, semble-t-il, les porteurs de projet, découvrant qu’après avoir été en avance à l’époque où tout était à construire, ils courraient désormais le risque d’accuser un retard si le projet ne trouvait pas les moyens de rebondir.
Enfin, et cette idée complète la première, le phénomène de halo que nous avons mentionné et la suppression d’un poste d’animateur ont contribué à tenir les porteurs de projet à l’écart d’évolutions sensibles dans l’exploitation du potentiel des télé-activités : la connaissance générale de nouvelles utilisations en train de se créer n’est pas suffisante pour que l’imagination conçoive les applications particulières364 qui peuvent en découler. C’est ce décalage qui a conduit l’un des chargés de mission à regretter que les concepts d’espaces partagés ou de forums permanents ne soient pas encore testés.
Entendre : adaptées à une situation de référence, ici celle des sous-projets.