Réunion du 14 mars 1997

Objectif de la réunion : M. Alain présente la réunion en disant que l’enjeu est de pouvoir articuler l’ensemble des projets de l’Ardèche, de créer des synergies, sous un dénominateur commun. Ardèche.com peut-il être ce site autour duquel seraient rassemblées toutes les informations concernant l’Ardèche ?

La réflexion du groupe s’amorce aujourd’hui sur l’expérience de M. Brouns, architecte naval. M. Brouns a une clientèle mondiale, il a un panel d’environ 500 constructeurs amateurs de bateaux prêts à venir en Ardèche pour construire leur bateau auprès de lui. L’idée de base, c’est la création de richesse, générée par du temps de loisirs. Il s’agit de mettre à disposition un atelier pour construire sous forme des bateaux dans des conditions professionnelles, atelier dans lequel ces amateurs viendraient passer 1000 à 10000 heures. Sa clientèle est composée de jeunes retraités, ou de cadres en période de loisirs. Il est possible de donner une ampleur plus grande au projet : la formation aux matériaux composites est très intéressante ; il est également pensable d’associer la construction de caravanes, de canoës, la baisse du pouvoir d’achat incitant les gens à construire par eux-mêmes. Il s’agit d’intégrer dans un véritable réseau tous les petits professionnels locaux, de leur amener une clientèle hors saison. Tous les clients qui vont venir sont des citadins. “ Comment puis-je faire pour construire un bateau ? Est-ce que je peux embaucher quelqu’un ? Dans cette bulle de loisirs, les télécommunications peuvent jouer un vrai rôle en étant le lien entre tous ces professionnels, et tiennent du même système. Un participant note que la création de synergie sur le territoire passe par ces axes : on peut envisager de fédérer la démarche par le commerce électronique, en créant une chaîne de synergie entre les TPE et les PME locales. Le sous-préfet note que si on veut avoir une vision claire des choses, et prospective à la fois, il faut tenir compte de l’évolution structurelle de l’organisation des loisirs, qui s’oriente vers des activités culturelles, avec moins de temps mais plus d’activités. Ce qui nous conduit à imaginer des centres capables de promouvoir une multitude d’activités. Derrière l’idée de Brouns, il voit un projet un peu plus vaste, pour rechercher une organisation de ce tourisme, autour d’une population ciblée. L’idée à long terme est d’accompagner cette part de loisirs qui tend à devenir de plus en plus importante. Pour PT, pour ce qui est des possibilités d’étude du projet, une partie pourrait être prise en charge par le projet TREND, sur la partie communication. On peut aussi penser que l’enseignement à distance, type visioconférence, pourrait aussi s’inscrire dans le projet de Brouns, avec de l’image fixe ou animée. Ensuite, Mme X. du collège de Saint-Régis présente la spécificité des formations du collège et fait part de son projet autour de la culture chinoise. Avec des visioconférences, il s’agit notamment de développer des stages liés à la découverte de la culture chinoise à Lablachère. Il existe déjà une réalisation embryonnaire : grâce aux moyens techniques modernes dont le collège est déjà pourvus, un professeur va donner un cours à quatre collèges distants, ce qui permettra à d’autres structures de se raccorder. Il y a quatre partenaires européens.

Ensuite, à partir d’une question posée à Mme X., s’en suit un petit débat sur le télétravail. Quid du service public et de ses missions et des services privés ? Qui s’occupe des équipements lourds, de leur fonctionnement, de leur maintenance ? L’ensemble des services doit avoir des budgets destinés à la maintenance des outils. L’installation de quelqu’un dans une structure de télétravail pose un problème de maintenance de réseau et non d’équipements lourds. En ce qui concerne le fonctionnement, si c’est du service public, il faut rechercher des fonds pour payer des gens qui doivent assurer la maintenance, ou les services face aux usagers. Un deuxième débat démarre sur le thème de la concentration des services autour d’un bourg centre : dans les régions rurales comme l’Ardèche méridionale, on constate une polarisation sur une commune donnée de tous les commerçants et de tous les intervenants économiques. La question du mélange entre public et privé arrive sur le tapis : est-ce qu’on va décider de se servir des points d’appui publics ou privés pour des actions publiques ? Il ne faut pas donner plus de puissance à la puissance publique qu’elle n’en a déjà. En trois ans, ce sont de 20 à 30% de fonctionnement qui ont été attribués à l’Etat ? Qu’est-ce qu’on peut faire avec ça ? Les services sont moins présents et ils doivent rester au plus prêt de l’usager ?

MP, chargé de mission territorial à la chambre d’agriculture dit qu’on est à l’écoute et à la recherche de ce que peuvent apporter les TIC. Les projets agri-ruraux innovants sont d’actualité sur ce territoire. On cultive les paradoxes au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. On a les agriculteurs les plus démunis et à côté, au niveau régional, le PEP a créé un site internet sur le vin que personne ne consulte ici. P., du lycée agricole, dit que les choses ont évolué et qu’aujourd’hui, au lycée, il y a des formations interconnectées à l’Internet, avec des machines à cessions indépendantes (ce qui existe aussi au collège Saint-Régis). Un participant dit qu’il lui paraît important de transformer les technologies de communication en technologies d’organisation, car si on oublie l’accompagnement, le but final, on ne fera rien.

Le sous-préfet présente les projets de l’Etat. Il y a la mise en place d’un réseau en lien avec les inforoutes pour une expérience de relations entre la sous-préfecture et les communes rurales. Les communes doivent être dotées d’instruments de communication, pouvant communiquer avec le serveur de l’Etat. Ce processus s’étendra aux informations du Conseil Général (problèmes de contrôle de légalité). On a mis en place des points publics en milieu rural, dans six communes du département, pour pouvoir assurer des permanences et informer les usagers sur les services de l’Etat. Ces points publics sont Thueyts, Les Vans, Lamastre, Saint-Pierreville, Villeneuve... Le sous-préfet souhaite que les secrétaires de mairie consolident leur fonction d’être le premier interface entre les communes, l’usager et l’administration. Le monde rural doit être innervé par le système adminsitratif. Et c’est là que le système de communication est déterminant : comment peut-on monter un système d’information lisible ? Le monde public et privé de se retrouvent pas vraiment : s’il y a des doutes dans le domaine public, il y a également beaucoup de frilosité du côté du secteur privé. L’attentisme est partout.

Quelqu’un fait remarquer qu’en matière d’information, les serveurs web publics qui sont devenus opérationnels n’ont rien coûté : ils ont été faits à temps perdu par les responsables informatiques des services. Par contre, au ministère du travail, le 01.47.96.01.01, info emploi, est une société privée. L’idée d’un serveur unique est lancée : il n’existe pas de serveur sur l’Ardèche donnant des infos globales, pour recenser, mais aussi diffuser des infos en matière de tourisme, d’économie, des adresses, des administrations, collectivités locales, chambres consulaires, syndicats professionnels. Il nous faut des subventions pour faire ce serveur, des contacts sont nécessaires entre les différentes parties prenantes. Les administrations ne savent pas comment réagir. Ce projet est éligible au titre des financements publics. A priori, il n’y aura pas d’obstacles pour voir un projet comme celui-là accepté.

SM estime que les hypothèses de départ sont mauvaises : quel est l’intérêt pour l’usager ? Prenons l’exemple du tourisme, aucun langage commun n’est actuellement possible, et les serveurs ne communiquent pas entre eux. Ardèche.com, d’accord, mais quel langage utiliser, aura-t-il des passerelles, sera-t-il accessible par les usagers ? PT dit qu’il existe un journal hollandais, un journal numérique, la gazette de l’Ardèche et que l’initiateur du projet est payé par la pub. Il se veut un journal de petites annonces destinées à l’Ardèche. Dans le tas, il n’y a que des hollandais ! Et on entend un peu n’importe quoi en ce moment !

La question de la nécessité d’avoir un serveur revient au centre de la discussion. Est-ce qu’un serveur a un sens ? Est-ce qu’un serveur est subventionné par la collectivité locale ? Pourquoi un serveur par rapport à une motivation de développement local ? Est-ce un instrument d’action sur le territoire, quel questionnement doit-il poser ? Il doit servir à alimenter la réflexion des gens qui auront à prendre des décisions, il doit faire en sorte que les intérêts soient mieux partagés, par exemple entre établissements scolaires locaux qui ont des choses à se dire. Se pose le problème des liens : l’information doit être validée, par qui doit-elle l’être ? Il y a des gens qui ont en charge la validation de l’information, par exemple, la chambre d’agriculture a en charge une certaine diffusion de l’information. PT dit que plutôt que de recréer des structures d’information, il vaut mieux mettre en place des outils qui vont permettre d’envoyer des informations de manière informatisée sur des serveurs d’accueil. On travaille dans une logique d’informatique répartie, on l’impose aux structures et élus qui en ont la chargé, on leur met en place et on évalue le coût de la distribution. Ce qui est long, c’est la définition de la sécurité, les principes de déontologie à proposer à l’ensemble des services, des liens avec d’autres services de l’Ardèche. Mais cela nous assure une grande sécurité de l’information et évite un diktat du serveur. On a ainsi des informations fiables, diffusées par des structures fiables. La réunion s’achève sur une discussion technique et sur la promesse qu’à la prochaine réunion, un projet plus clair sera présenté avec une discussion nourrie.