Réunion du 3 décembre 1997

Nous avons depuis un an concrétisé un groupe de réflexion sur les technologies de l’information et l’aménagement du territoire, ce groupe a régulièrement tenu réunion à la sous préfecture de Largentière. Des experts nous ont assistés dans notre démarche : Idate (Montpellier), V (Lyon), D (Aubenas), CNRS (Lyon). Des structures locales ont mis leurs ressources à contribution : la société DIA a mis à disposition un serveur de test, le collège Européen Saint Régis nous a accueilli dans son espace multimédia pour des sessions de formation. Des contacts et propositions de partenariat ont étés lancés avec France Télecom, le groupe de recherche Européen ‘TREND’, et les Inforoutes de l’Ardèche. Des acteurs locaux nous ont écoutés, encouragés et conseillés : ce projet est maintenant mûr et peut être lancé, par ailleurs la société dans laquelle travaille PT est actuellement impliquée dans un projet de recherches Européen et est prête à en partager les bénéfices (support, savoir faire, feed-back) dans le cadre de ce projet. PT présente précisément le projet.

Le projet résultant des réflexions de ce groupe, et de l’expérimentation menée depuis juin 1997, peut être résumé par : la création d’une plate forme de communication locale ayant pour buts : L’interconnexion des acteurs locaux, L’intégration au réseau mondial, La mutualisation d’équipements et de ressources, Une veille technologique et prospective permanente. Avec comme principes de base : L’utilisation de l’existant, L’adhésion aux standards du marché, La concertation, L’ouverture, Et comme résultats : une dynamisation locale avec toutes ses heureuses conséquences.

L’interconnexion des acteurs locaux

La création d’un réseau local est basé sur l’utilisation et l’optimisation immédiates des réseaux existants (RTC/PSTN, NUMERIS, INFOROUTES).

Une deuxième étape introduira la création d’une boucle locale sur les parties denses de la région. Ce réseau mettra ainsi à disposition des outils de travail de groupe assurant : La messagerie sécurisée, Le partage et l’échange d’informations privatives et/ou publiques, La gestion/réservation des ressources partagées, L’intégration dans le réseau mondial (INTERNET).

Chaque structure connectée sera cliente et fournisseur des services du réseau. Ce réseau permettra aussi une meilleure circulation des données et ouvrira de nouveaux champs organisationnels : Entreprises virtuelles (fusion ponctuelle ou durable d’entreprises autour d’un projet), Accessibilité de ces entreprises à des marchés plus larges, Intégration plus rapide dans le système économique Européen, Administrations et structures locales plus réactives, Facilitation de l’intercommunalité, Accès de tous à toute l’information locale disponible.

La mutualisation d’équipements et de ressources

De nombreuses ressources disponibles ou nécessaires sur notre territoire peuvent être développées (car alors rentables) par leur plus large utilisation. Ce développement sera le résultat de leur mutualisation assurée par le réseau. Quelques unes des ressources envisagées sont : Salles de visio conférence, Sites et centres de travail distant, Centres de formation, Médiathèque (accès local et distant). Une veille technologique et prospective permanente. Une veille technologique et une concertation permanente aura comme résultat un déploiement plus rapide et plus efficaces des projets. Cela permettra en effet : Une information mieux et plus largement diffusée, Une intégration et fusion de projets similaires.

L’important est que le centre de communication n’a pas vocation à remplacer ou recréer des outils existants mais à en faciliter la diffusion, l’interconnexion et donc l’utilisation par tous à terme. Les implications financières : Un projet de ce type peut devenir rentable sur deux ans.

S’en suit la réunion sur des discussions plus générales.

C’est le sous-préfet qui accueille et qui fait une brève introduction en présentant les différents ordres du jour. Il annonce l’adhésion de Vals et d’Aubenas aux Inforoutes. Il annonce également la création de 3 centres de communication, avec du personnel et des moyens. Il marque sa satisfaction quant au constat de la progression de l’usage des TIC par les collectivités. Le SIVU a décidé d’employer 100 emplois jeunes, en nous incitant à faire la promotion locale de la mise en place de ces instruments et en travaillant avec ces personnes. Une des prochaines utilisations du serveur des Inforoutes sera de développer des informations sur les emplois-jeunes, avec des listings de tous les projets qui vont donner lieu à des emplois.

Il annonce qu’on va essayer de présenter les technologies comme le groupware à des structures comme des élus. Quel est leur niveau de compétences ? Qu’est-ce qui peut les intéresser à utiliser par exemple Lotus Notes ? Par rapport à leur niveau de compréhension des technologies, que faut-il leur dire pour les intéresser à ce type d’outils ?

Aujourd’hui, une interrogation fait jour au Conseil général : qu’est-ce que les technologies d’information apportent à l’économie locale ? Le sous-préfet, veut, quant à lui, développer l’utilisation des technologies d’information dans les sphères publiques et obtenir des effets de cliquet. Par exemple, l’intérêt de faire travailler des syndicats intercommunaux, c’est qu’ils travaillent entre eux, utilisent les technologies pour ensuite développer d’autres projets.

Une réflexion est alors lancée : il faut lâcher de la confiance à des interprètes qui vont traduire les messages et intentions du groupe, même si la traduction n’est pas forcément très fidèle.

P fait remarquer que le groupe doit rester indépendant et ouvert. Il réunit des personnes alors que les projets vont s’organiser autour de structures et d’entreprises. Tout l’intérêt, c’est que des personnes sont impliqués à la fois dans la réflexion et dans les projets, mais il faut préserver la réflexion du groupe. Il rappelle qu’il y a un an, on était ni dans la même situation politique, ni technologique. Les propositions d’il y a un an ne sont plus décalées. Des efforts sont à faire en termes de communication. S’il y a un besoin, la réponse est comprise, s’il n’y en a pas, elle a du mal à passer.

Il faut être dans une stratégie « gagnant-gagnant », c’est-à-dire qu’un partenaire, une institution se greffent sur un projet ou répond positivement s’il est dans cette optique de « win-win ». On a un problème de représentation au niveau de certaines populations. Les acteurs à qui on présente ces projets n’ont qu’une connaissance très faible de cet environnement, des représentations floues qui s’expriment parfois en termes de mythe. Il faut donc trouver un aspect du projet qui soit susceptible de les intéresser.

Il relate l’expérience de Joyeuse : lui et PT sont allés présenter au Syndicat Beaume Droubie et Communauté de communes ce que pourrait être un instrument de travail de groupe. L’impression ressentie n’a pas été favorable. L’exemple de l’échec de Joyeuse est symptomatique. Les maires ont une représentation différente de la nôtre face à la technologie et c’est pas en leur présentant mieux ou en expliquant mieux qu’ils comprendront le projet. C’est en présentant le projet sous une facette où ils se sentent « gagnant-gagnant » qu’ils comprendront. Où est leur intérêt dans ce qu’on leur présente ? Il faut une sorte de maillage, la confrontation et la mise en commun de projets permet d’aboutir au projet initialement prévu. On fait un détour du projet initial, on passe par des chemins que connaissent les acteurs, pour finalement arriver au projet initial. Le but originel des réunions est rappelé : une fonction prospective qui permet de poser les problèmes et une fonction opérationnelle qui permet d’aider à monter des projets. Le sous-préfet indique que nous sommes tous des illuminés mais que nous ne savons pas utiliser cette lumière. Pour le sous-préfet, c’est éclairer la vie publique, pour Trébuchet, c’est les entreprises.

On a compris l’intérêt d’une chose, et dans une visé messianique, on veut la faire partager. Comment peut-on partager cette prise de conscience ? En éclairant, en informant, en réunissant des gens. On peut réussir notre mission si on ne travaille pas que sur les technologies et si on reprend des projets et activités des autres en y insufflant un peu de technologies d’information. On fait avancer leurs projets et en même temps on les initie à notre technologie qui avance, indirectement.

Le problème de ce groupe, ce n’est pas la communication, c’est celui de la présence dans les projets d’autres personnes. Par exemple, si on veut initier les élus, il ne faut pas monter un serveur, il faut participer à un projet élu où on peut intégrer un serveur. Le groupe de médiation que nous sommes ne peut pas rester isolé des gens qu’il entend lier. Nous devons être indépendants mais pas faire cavalier seul. Nous ne devons pas nous transformer en groupe qui réfléchit tout seul, et/ou, qui en ayant trop d’avance, s’isole du quotidien. Mais notre avantage, c’est qu’on est un groupe ouvert sur pleins d’environnements.

T dit qu’il est souvent en réunion avec des gens qui comme lui, sont en avance de 2 ou 3 ans mais qu’on ne peut pas tout seul tenir certains discours. Il ne sait pas traduire pour ceux qui n’en sont pas à son stade. Le but, c’est de savoir discerner dans les activités existantes celles qui ont un intérêt dans ces perspectives d’avenir. En fait, on essaye de traduire dans les deux sens : moi, en avance, je traduis pour l’autre, et lui traduit pour moi, et là on est dans un système d’innovation plus fort. Comment, ici, identifier les messages, traduire ce qui est flou, traduire les représentations de chacun ? Une seule personne maintenant ne peut plus répondre toute seule à toutes facettes du projet. Maintenant, il y a des compétences très variées dans le projet et il faut bien distinguer le projet du reste du groupe de travail.

En somme, après un an, le groupe en est à « comment traduire ? il veut faire le lien entre les entreprises, les associations et les collectivités avec l’offre technologique. Les gens dans le groupe sont amenés à préciser leurs positions, notamment pour renforcer la notion de partenariat : chacun doit s’aider, les uns ne peuvent avancer dans le groupe plus vite que d’autres. Il faut éviter le risque de se retrouver face à une offre packagée : il faut qu’on reste un modèle.

MJ utilise le terme de relais : qui peut relayer l’offre face aux usagers ? Est-ce qu’on ne peut pas, nous, faire le relais de l’information ? On donne de l’information, et stratégiquement, on passe le relais à d’autres pour ceux qui sont à la traîne.

P dit qu’il est fatigué du rôle de pionnier et qu’à un moment donné, il est tenté de réagir « en entreprise ». Il s’était engagé comme citoyen et entreprise-citoyenne. A un moment donné, le projet individuel doit s’intégrer dans le projet collectif sans perdre ses objectifs de départ. Il ne faut pas perdre non plus l’intérêt du groupe. La question de la visibilité de ce qui est porté par chaque acteur individuel dans une finalité globale est posée. Comment appréhender les différentes vitesses entre les différents lieux d’intermédiation. Le point de rupture dans la vie et l’évolution du groupe, c’est celui où le visionnaire dit « c’est maintenant qu’il faut le faire ». Cette réunion est apparue à plusieurs personnes comme un tournant dans l’histoire du groupe, il est intéressant dit MJG de comprendre comment et pourquoi. Cela permettra de rebondir pour perpétuer les travaux de réflexion entamés autour de M.