Réunion du 24 mars 1998

MJG dit qu’elle souhaite ouvrir la réunion par des réflexions qui lui viennent sur plusieurs champs. Quid de la pertinence de notre réflexion par rapport à nos engagements de début ? Sommes-nous toujours dans la prospective à 20 ans ? Où en sommes-nous de la problématique posée ? C’est-à-dire l’utilisation des télé-activités, les partenariats locaux et les questions de développement local ? Quid des projets qui nous ont été présentés par les uns et les autres ? Y a-t-il eu un retour, un renvoi ? Y a-t-il eu une clarté des présentations ou la création de masques face à d’éventuelles concurrences des projets entre eux ? et donc silence derrière. Quid des projets développés au sein même de notre commission ? Mesiane (groupe de partenaires professionnels) et Grimpi (groupe d’individus concernés par les mêmes préoccupations). Quid enfin du sujet lui-même, les télé-activités sont-elles un support pour d’autres questionnements ? Quelle importance leur donner dans la suite de notre questionnement ?

Le groupe n’a-t-il pas le désir de continuer à se réunir autour d’une problématique plus globale de développement local et de questionnements citoyens, les télé-activités ne venant qu’en contrechamp, éclairer les questionnements, du fait de leur rôle désormais incontournable ? Puisque leur utilisation est en passe de modifier fondamentalement l’orchestration sociétale ?

En termes de continuité, sur les propositions à faire pour suivre ce que je considère être comme une commission de recherche citoyenne et responsable, sur les travaux de laquelle les autorités locales peuvent s’appuyer. MJG rappelle que nous sommes dans une phase de bilan et dit que le travail a été très intensif : des erreurs et des réussites se sont accumulées et constituent notre richesse. Nous nous sommes réunis pendant plus d’un an, étonnés nous-mêmes de notre persévérance et de l’intérêt de notre fonctionnement. Nous avons à faire une critique de notre mode de fonctionnement, nous avons à préparer nos rencontres, à nous donner un rythme. Elle rappelle qu’il existe des acteurs locaux incontournables et que la réalisation des projets a nécessité qu’on identifie ces partenaires incontournables. L’intérêt du groupe, c’est d’être inscrit dans des réseaux avec des acteurs différents, sachant que la problématique de départ est que chacun est motivé par une démarche personnelle avant d’être représentatif de quelqu’un ou de quelque chose.

A l’inverse, certains se retrouvent investis de missions et deviennent porte-parole malgré eux étant donné leur démarche personnelle. Ainsi, un des architectes a été sollicité par l’ordre des architectes pour assurer la promotion des TIC au niveau régional.

DC dit qu’on constate que la rencontre entre l’offre et la demande paraît impossible pour certains : comment un groupe tel que Grimpi peut en tant que médiateur favoriser la diffusion d’une innovation, assurer la construction d’une demande ? MJG répond que le principal problème à résoudre est celui de la confiance et qu’il y a des médiations à privilégier de type « pays » ou professionnels de types associations et syndicats. PT dit que de la question de MJG « Est-ce que le devenir du groupe et son intérêt ont glissé sur la problématique développement rural, les TIC n’étant plus alors qu’un outil alors qu’au début il s’agissait d’une réflexion sur les TIC ? », on constate qu’on est passé d’un questionnement sur les TIC à un questionnement sur la citoyenneté, etc...Notre démarche est politique, au sens noble du terme, puisqu’on assure la diffusion d’idées et de choses dans la cité. Il rappelle que le groupe a un an, que son contexte politique et institutionnel a changé et que pourtant le groupe existe toujours. Il dit que lorsqu’on s’adresse aux élus, on a pas toujours le sentiment qu’on les a choisi. On a mis en évidence la multiplicité des rôles des gens du groupe et le problème est : comment les différencier ? Peut-être en mettant un rôle dans un cadre et comme ça, suivant le cadre, on sait de quel rôle on parle : pour certains, les rôles se sont parfois confondus et ce sont ceux qui font partie des absents réguliers aux réunions.

DC dit que l’intérêt de se retrouver autour de la table, c’est de propulser une idée, etc... mais il trouve que ça n’avance pas beaucoup. Ne faut-il pas alors diffuser ce qu’on fait et ce qu’on dit ? Selon lui, ce qui nous motivera sur le long terme, c’est d’avoir le sentiment d’apporter quelque chose au pays. Mais pour se diffuser, il faut que ça prenne des allures plus formelles. Comment ouvrir le groupe pour qu’il puisse prendre en compte d’autres tendances plus lourdes. Son intérêt, c’est qu’il est en parallèle avec des réseaux politiques mais a-t-il un impact sur eux ? MD rappelle qu’il ne faut pas parler d’impact car l’action de Grimpi est bi-directionnelle et qu’il y a des enjeux que l’on ne peut ignorer. Elle précise qu’il y a deux ordres d’activité qui font qu’un groupe assure sa pérennité. Le premier, c’est l’ouverture sur l’extérieur (pour pouvoir évaluer ce qu’on fait en interne) puisque les autres renvoient au groupe une image de lui-même pour qu’il se constitue. Le deuxième, c’est d’avoir en interne quelqu’un qui renvoie la façon dont le groupe se comporte. Par rapport à l’action du groupe, MFK suggère de mener une action pédagogique pour que les gens « ne prennent pas peur » face aux TIC, et que chacun rende compte dans son réseau d’origine de ses expériences, etc... MN rappelle le rôle du pédagogue qui doit apporter du questionnement et non des réponses car c’est à l’apprenant d’apporter ses réponses. Le groupe peut apporter au pays les questions que les TIC soulèvent. Quand on pose des questions, on sème des graines, on amène les gens à remettre en cause l’existant et les réponses émergent toutes seules : c’est comme ça qu’on fait office de relai.

PT déplore qu’au niveau local les intentions ou déclarations d’intention ne soient pas suivies d’actes : « nul n’est prophète en son pays ». Selon lui, les pionniers ne peuvent pas y arriver tout seul et il faut peut-être devenir groupe de pression ou lobby pour promouvoir une certaine idée. Il y a fatigue des créateurs quand ils ne sont pas suivis. « Quand on rame, en perdant de plus en plus d’intérêts, et que l’intérêt collectif y perd, effectivement les pionniers se taillent. MD rappelle au représentant de la préfecture et de la chambre de commerce qu’il n’y a pas tant de pionniers que ça et que si les institutions locales ne les soutiennent pas, ils stagnent : un pionnier doit être relayé. MJG rappelle tout ce que le groupe a induit, y compris par l’intermédiaire de chaque individu qui a une existence ailleurs et renvoie ne serait-ce qu’indirectement ce qu’il puise dans le groupe. On a acquis désormais une certaine légitimité et on doit maintenant la transformer pour créer une nouvelle forme de pression sur le contexte. Elle déplore qu’il n’y ait pas assez de lieux de paroles pour diffuser ces idées.

La réunion se conclut sur deux propositions : partir du concept des arbres de la connaissance pour définir les compétences de chacun et créer une boîte « Grimpi » sur le site web de Mesiane pour « vendre » les TIC.