Entretien avec l’ancien sous-préfet de Largentière,

secrétaire général de la préfecture de Blois

Je voudrais savoir ce que représentaient les TIC pour vous, avant de créer Grimpi, et par là même, ce qui vous a motivé en tant que sous-préfet mais aussi en tant que citoyen à initier une telle réflexion ?

Je crois que la première chose, c’est qu’il y avait les inforoutes, dans l’arrondissement de Tournon, dont mon collègue s’occupait de façon assez active et qui faisait qu’à un moment ou un autre, il fallait bien envisager la question sur l’ensemble du département. C’était un sujet auquel il fallait s’intéresser.

Le deuxième élément, c’est qu’il y a eu un peu le hasard qui fait que j’ai rencontré MJ et son compagnon sur un autre sujet et qui m’en a parlé en me disant « pourquoi on monterait pas un groupe de réflexion sans a priori ? ».

Et le troisième élément, c’est que, a priori, moi, j’étais intéressé, mais d’un point de vue plutôt culturel je dirais, et fasciné par la technique. C’est ce qui fait que c’est un peu la conjonction des trois qui explique qu’on était prêt pour faire tout ça.

En tant que représentant de l’Etat, vous n’avez pas reçu de directive ou d’incitation pour mettre en place quelque chose, ne serait-ce que mener ce genre de réflexion ?

Non, enfin oui et non. Oui, dans la mesure où c’est une politique de l’Etat qui existe déjà depuis pas mal de temps, il y a eu des messages qui ont été passés sur les TIC, d’abord au niveau européen, puis au niveau français et on voyait bien que petit à petit, ça passait dans les moeurs. Je dirais que c’est pas une politique de l’Etat très précise, on voyait bien que l’Etat prenait en considération le phénomène de société créé par ces TIC, essayait de le décliner en termes d’aide aux entreprises par exemple, en ce qui concerne les services de l’Etat, il les a incités à ce que ces TIC soient mises en place, mais sans donner de directive précise, c’est-à-dire qu’on pouvait pas considérer en tant que sous-préfet ou directeur des services déconcentrés qu’on avait quelque chose à faire en particulier. Il y a des incitations, notamment par le Commissariat à la réforme de l’Etat, notamment financières mais aussi techniques, mais on peut pas dire qu’il existe une politique que l’on est tenu d’appliquer.

Je me permets de revenir sur les inforoutes puisque vous en avez parlé au tout début. Je lui explique l’entretien que nous avons eu avec P à ce sujet et sa position là-dessus. Comment l’action de Grimpi se positionne selon vous par rapport à une logique plus classique que porte en elles les inforoutes puisqu’elles sont pilotées par des collectivités locales, bref des institutions, c’est une logique concurrente, parallèle que vous menez à travers Grimpi ?

Sur le constat sur les inforoutes, j’avais dit à PT que j’étais pas tout à fait d’accord avec l’opinion qu’il avait. Je crois que, en fait, dans les inforoutes, mon collègue de Tournon avait joué un rôle important au moment de la mise en place du syndicat intercommunal avec Dondou et une place importante dans la finalisation, dans la définition d’objets, dans la mise en route du dispositif.

A partir du moment où il est parti, il manquait quelqu’un qui faisait le lien entre le ministre d’aujourd’hui Dondou qui ,lui, avait une vision très stratégique, politique et philosophique de ce que pouvaient ces TIC et des gens qui appliquaient très concrètement au quotidien un certain nombre d’actions qui avaient été mises en place. Entre les deux, il manquait ce lien que mon collègue avait un peu tissé au départ des inforoutes.

Je pense que PT, pour diverses raisons, qui tiennent aussi à des problèmes matériels, n’a peut-être pas pu prendre contact avec la personne qui fait vivre au quotidien les inforoutes. Je pense que ces difficultés tiennent au fait que P est aussi vendeur de matériel informatique et que sur tous les appels d’offre, pour un certain nombre de raisons, il était pas le moins-disant et qu’il a pas été retenu. S’il avait été retenu, ça aurait créé des liens, ça n’a pas été le cas. Ca veut dire qu’il était quand même le candidat non retenu d’appels d’offre lancés par les inforoutes. Ca positionne quand même P et D de façon un peu particulière par rapport aux inforoutes, il est donc typé en quelque sorte. Le constat qu’il fait est donc peut-être trop limité à cet aspect des choses, il me semble qu’il y a des liaisons, des relations, qui restent à approfondir avec des gens comme D et les inforoutes, mais pas sur ce terrain-là. D, et c’est une discussion qu’on a eu avec P, a bien fait de se lier avec V, tout en gardant les deux noms, pour bien faire apparaître la double fonction qu’il a, à savoir d’être un vendeur de matériel informatique plus intelligent que les autres je crois, nettement plus intelligent que les autres, et un aspect études de mise en place sur les TIC. Donc, c’est plutôt sur ce deuxième aspect qu’il faudrait qu’il rentre en contact avec les inforoutes. Donc, sur le constat, je suis pas tout à fait d’accord.

Maintenant sur les inforoutes et le libellé de leur objet, je crois qu’il faut comprendre comment on monte un syndicat intercommunal. Quand on monte un syndicat intercommunal, on a une idée, et c’est idée c’était celle de Dondou puisqu’en fait quand il a monté ça, il y avait deux communes, celle de Dondou et une toute petite commune à côté. Donc, c’était une très faible intercommunalité et c’était une idée de Mr Dondou. Cette idée-là, il ne savait pas très bien comment il allait l’appliquer, comment elle allait évoluer, quels étaient les financements qu’il pourrait mettre en place. Donc, comme tous les syndicats intercommunaux, il s’est donné un certain nombre de compétences, les plus larges possibles, de telle façon à pouvoir naviguer en fonction du vent dans des marges de manoeuvre plus importantes. Il faut pas lire le statut des inforoutes à la loupe pour essayer d’y trouver une intention quelconque ou des engagements. Les seuls engagements qu’un syndicat intercommunal a, c’est vis à vis des administrés des communes représentées.

Après, effectivement, il y a eu des financements différents, en particulier France Télécom, le Conseil général, à partir de ce moment-là, on peut faire des contrôles et être un peu plus exigents sur ce qu’il convient de faire. Mais, de toutes façons, dans les premiers mois du fonctionnement des inforoutes, la position du Conseil Général était très claire, c’était une action qui était limitée dans la moitié Nord du département. Il y avait pas de raison, et c’était une des missions, à mon avis, de permettre à la dynamique des inforoutes de se développer dans le sud du département.

Alors maintenant, Grimpi par rapport à des collectivités locales, je crois, je sais pas comment ça évoluera, mais ça a pas été fait pour rentrer dans les mêmes sphères ou dans le même type de contraintes ou d’actions. On a des collectivités locales qui ont des besoins particuliers et qui peuvent trouver des satisfactions en termes de TIC, les collectivités locales peuvent s’impliquer en termes politiques dans ce type de domaine... le rôle du travail qu’on avait monté avait pour objet de repérer des projets qui étaient en même temps publique et privé et d’essayer, parce que les gens se rencontraient autour d’une table, de les faire avancer.

C’est ça qui me paraissait surtout intéressant, de dire que ce groupe de travail, on y mette autour de la table des gens qui viennent en même temps de l’Etat, des collectivités locales, des entreprises... S’il y a bien un domaine dans lequel il faut faire sauter des barrières qui sont autant de contraintes entre le public et le privé, c’est bien ce domaine-là. De telles façons qu’on puisse parler le même langage et qu’on trouve des synergies dans la mise en place d’un certain nombre d’actions qui sont forcément communes. Exemple, Mesiane, qui sera effectivement une base de travail autant pour les entreprise que pour les collectivités locales. Le raisonnement de Grimpi n’a jamais été un raisonnement en termes de « est-ce qu’on doit être collectivité locale ou Etat ? ».

Avec le recul dont vous disposez maintenant, est-ce que vous seriez en mesure de définir les valeurs du groupe, ce qui le mobilisait et ce qui a fait que, sans aucune règles, il tient encore au bout de deux ans ?

Je crois qu’il y avait d’abord des gens qui avaient envie de se rencontrer, des gens avec des personnalités un peu similaires, et ceux qui n’avaient pas cette personnalité n’étaient pas bien dans ce groupe-là. Donc, je crois que c’est ça qui fondait d’abord l’esprit et donc l’envie de se rencontrer qui n’est pas toujours fréquente. Il me semble qu’il y avait des gens avec un caractère un peu similaire, des points d’intérêt globalement proches, qui avaient envie de discuter, de débattre ensemble.

A partir de là, il était riche parce qu’il y avait des positionnements différents, publique et privé ont pu s’apprendre un certain nombre de choses. Il y avait des techniciens et des non techniciens. Si je me souviens bien des discussions qu’on a eu, il y a eu quelques envolées lyriques, de la philosophie, avec l’envie de discuter de ce sujet que sont les TIC et quelque part d’avancer dans leur réflexion personnelle sur ce sujet pour essayer de le penser mieux, dans une problématique générale qui était « les TIC dans un milieu rural comme l’Ardèche, quel sens ça a ? ».

On a souvent insisté dans le groupe sur la nécessité qu’il reste informel et Patrice s’est souvent défendu d’avoir une position de leader, par principe. Comment vous, vous perceviez votre propre rôle au sein de ce groupe, sachant que vous nous avez toujours dit que vous n’y assistiez pas en tant que représentant de l’Etat ?

Je me ressentais une responsabilité sous le fonctionnement et la survie du groupe... c’est pas forcément à répéter mais je sentais bien que il y avait la place de l’Etat, par rapport à des problèmes comme ceux des inforoutes par exemple, qui comptait, c’était important, la possibilité de discuter rapidement avec les gens des inforoutes pour leur demander d’intervenir rapidement dans le Sud de l’Ardèche. C’était la possibilité par ma fonction de mobiliser un certain nombre de relations comme par exemple au Conseil Général, voire à la Préfecture, ou au niveau régional pour présenter et défendre des projets qui pouvaient être montés.

Donc, c’est une place de neutralité et en même temps, une opportunité pour des gens autour d’une table et on faisait allusion tout à l’heure à certaines personnes, il y a des gens sur cette fonction qui n’avaient pas compris ce que je pouvais faire. Ils ont pensé que, étant à la sous-préfecture dans une réunion que je présidais, c’était l’occasion d’avoir un porte-voix ou un relais qui le serve personnellement. Et pour moi, ça n’avait aucun intérêt et ma démarche n’était pas du tout ça. Si j’avais eu, et globalement j’ai essayé par rapport aux inforoutes de contacter un certain nombre de gens, à porter plus précisément et concrètement un projet collectif de ce groupe-là, je l’aurais fait. Je n’en ai pas eu l’occasion, je suis peut-être parti trop tôt, j’aurais aidé à préciser un projet pour aller un peu plus avant.

Le deuxième aspect, qui est peut-être moins à voir, c’est que pour certaines personnes, le fait que ce soit présidé par quelqu’un considéré comme un notable entre guillemets, ça motive, ça légitime.

MJ me disait que ce qu’elle trouvait original, c’est que ce groupe ait duré, d’une part, et surtout qu’il était en train de devenir un interlocuteur pour pas mal de gens, des acteurs publics, alors que de fait, il n’existait toujours pas officiellement, puisqu’il ne fait même pas l’objet d’une association, avec des statuts...alors, est-ce que vous, cette fois-ci officiellement en tant que sous-préfet, vous avez eu l’occasion auprès d’autres notables, de porter le message du groupe ou l’état de ses réflexions ?

Je crois pas avoir été porte-parole du groupe mais d’idées qui s’y développaient, que ce groupe a mis en lumière, ça oui, certainement. D’abord, par rapport aux inforoutes, puisque j’avais effectivement informé Dondou de ce que l’on faisait, il s’était montré d’ailleurs extrêmement intéressé, j’avais contacté des gens qui font vivre les inforoutes au quotidien pour essayer de faire en sorte en particulier que les relations entre D et les inforoutes évoluent, j’avais informé D que tout ça se passait, le Conseil Général au fur et à mesure que je rencontrais des gens... On a fait venir T, le maire du Thueil, on avait été avec T à Joyeuses...tout ça participait de la même logique, cela étant, je n’avais pas l’idée de parler au nom d’un groupe qui existe, je voyais ça plutôt comme un club où des gens discutent, mais par contre, des idées que j’ai pu avoir par la suite, c’est clair que c’est dans le groupe que je les ai puisé, c’est là qu’elles ont germé. C’était bien quelque part au nom de ce groupe et de ce qu’il pensait globalement de ce que doivent être les TIC dans un milieu rural, en tout cas au nom de ces idées-là que j’ai contacté certaines personnes.

Pour revenir au projet Mesiane, j’aurai deux questions, d’abord est-ce que vous y avez participé, directement ou pas et ensuite, en dehors de l’aspect technique, qu’est-ce que ça introduit sur le territoire en terme d’innovation ? En quoi peut-on voir Mesiane comme la concrétisation d’une partie de la réflexion portée par Grimpi ?

Il ne faut pas avoir de réflexion nombriliste sur un groupe comme celui-là, globalement, ce groupe fonctionne parce que des gens se sont connus et ont apprécié de se rencontrer ; si ça ne marche plus sur un sujet, si Mesiane a accaparé la réflexion, il faut peut-être réinventer de nouveaux thèmes pour que les gens aient le même plaisir à se rencontrer, pour faire de la prospective.

Mesiane, c’est une production qui est un des résultats du groupe, non pas résultat concret parce que Mesiane c’est T, mais il a pu être aidé dans sa réflexion, il a été soutenu dans son idée de sortir ce projet.

Ce groupe n’est pas une structure, ça n’est pas une institution, c’est un club...qui produit un certain nombre de choses, au moins pour chacun de ses membres. Mesiane est le produit de T et il vivra sa vie. Peut-être qu’on peut inviter d’autres personnes à participer au groupe pour qu’elles aillent plus facilement dans Mesiane ; c’est peut-être comme ça qu’il faut opérer.

J’évoque la position de DC quant à la nécessité que Grimpi devienne plus visible pour être efficace et garde une dimension d’intérêt collectif.

Oui, je crois que ça ce sont des réflexions d’homme politique, qui ont toujours des messages à faire passer. Ceux de C sont bons, je n’en doute pas, c’est quelqu’un de sympathique et compétent, mais moi j’ai pas vu les choses comme ça, pas du tout. Effectivement, il faut éviter le nombrilisme et l’excès de réflexion intimiste mais les solutions manquent pas pour éviter ce genre de choses tout en gardant le même objet et la même finalité. Il faut peut-être ouvrir un peu plus le groupe à d’autres personnes que ce soit dans le domaine public ou privé, peut-être faut-il préparer des séminaires, avoir des objets de discussion.

Moi, je n’ai jamais vu ce groupe comme étant un groupe de gens qui savent quelque chose et qui auraient des messages à donner. Pour moi, ça a toujours été un groupe de réflexion où chacun s’enrichit et où, ceux qui ont des projets à monter peuvent trouver une aide, un support, pour avancer dans leur réflexion et être aidés par leurs relations. Si on s’était transformé en un groupe qui veut conceptualiser sa réflexion pour transmettre ce message à des pauvres ignards, ça m’aurait pas intéressé. J’ai pas de message à faire passer et en plus, je n’avais pas de légitimité pour le faire.

Si le groupe évoluait comme ça, je lui donne pas beau coup d’avenir, de toutes façons, il y a des structures en France en trop grand nombre, elles ont toutes un message à donner, un groupe qui aurait à produire du concept pour donner un message a peu d’avenir. Par contre, concrètement, on a besoin de continuer à faire avancer cette réflexion et à traduire les éléments de cette réflexion dans la vie quotidienne. Je sais pas si je réponds à vos questions ?

Si, si, je repensais à ce dont on parlait tout à l’heure, le groupe est devenu presque malgré lui une sorte d’interlocuteur, d’experts, qui l’entraîne au-delà des activités qu’il s’était fixé et c’est peut-être cette évolution qui paraît naturelle que D voulait canaliser ?

Pourquoi pas... mais à mon avis, c’est complètement autre chose. C’est un autre groupe mais je suis pas certain que des gens viennent voir un groupe. Ils viennent voir des personnes, on va venir voir Trébuchet pour lui demander quelles sont les idées fortes aujourd’hui qui permettent d’anticiper l’avenir...mais le groupe lui-même n’a pas une compétence particulière. L’analyse que fait Chevet, je crois qu’il faut s’en méfier parce qu’on va là dans une sphère qui est celle de la politique et c’est pas là qu’on va trouver les réponses aux questions que nous posent les TIC.

C’est bien au contraire dans le contact entre des gens du privé qui sont vraiment des gens du privé, qui ont besoin pour vivre de gagner de l’argent, et d’autres qui viennent de la sphère publique et dont la mission est de servir la collectivité. C’est cette confrontation-là sur un sujet comme les TIC qu’on va avoir une production d’idées, de concepts intéressants pour chacun des individus. C’est aussi parce qu’ils se rencontrent que ces gens-là, par les relations qu’ils ont dans d’autres sphères qui se rencontrent très peu, diffusent un certain nombre d’idées. Il faut rester comme ça. Souvent, les politiques mais aussi les industriels ne se rendent pas compte de l’influence des réseaux de relation alors que c’est là que vont se diffuser les idées.

Quelles sont les idées qui, globalement constituent un capital, c’est de dire qu’il y a des erreurs qu’il ne faut plus faire, qu’on a connues au moment du développement de l’informatique, qu’il y a des choses qu’il ne faut pas faire en termes d’aménagement du territoire... Et l’autre idée forte, c’est que si nous mettons en place de nouveaux instruments, faisons en sorte qu’ils ne reproduisent plus les clivages connus dans la société.

Institutionnaliser tout ça, ça n’a pas de sens, la seule référence qu’on a au niveau de l’Etat, c’est qu’il faudrait en faire une sorte de Commissariat au Plan au sens de la production de réflexion fonctionnant sur le principe de groupes de travail...C’est certainement pas la DATAR, qui fait des circulaires parfaitement imbuvables et illisibles pour dire à des gens, vous allez faire comme ça. Mais ça, vous ne le répéterez pas bien entendu, on voit bien nous, dans les administrations de l’Etat, que la seule chose qui intéresse la DATAR, c’est de récupérer des expériences pour les centraliser dans sa manière et de redonner ensuite des recettes.

Je lui parle du processus de diffusion amorcé par le réseau humain qui se tisse autour de Grimpi.

Est-ce que vous, en tant que secrétaire général de la préfecture, vous seriez tenté de recréer un Grimpi bis ?

D’abord, j’ai pris mon poste il y cinq mois donc ma préoccupation, c’est de garder la tête hors de l’eau et les pieds sur terre. Cela étant, en termes de contact avec les gens, j’ai pas fait ça. J’ai une fonction en tant que sous-préfet d’arrondissement, mais que je n’arrive pas à mener de façon satisfaisante pour le moment. Par contre, ce que ça m’a donné Grimpi c’est clair, c’est que lorsqu’il y a des projets sur les TIC, j’ai eu des idées bien définies, je sais lire un projet qu’on me présente. Par exemple, il y avait un vaste projet de serveur sur le Loir et cher, j’ai pu démonter ce projet sans problème. On est en train de voir comment mettre en place un intranet au sein de la préfecture. Alors que mes collègues demandent déjà des subventions d’équipements, moi, j’ai demandé une subvention d’études, pour comprendre d’abord comment fonctionne le système d’information de la préfecture, y compris dans ses relations avec les autres administrations de l’Etat. C’est la première pierre d’un édifice auquel je souhaite insuffler la logique ou la philosophie Grimpi.

Je voudrais revenir sur un point qu’on a évoqué tout à l’heure, c’est cette idée que se réunir à la sous-préfecture, c’était se placer dans un territoire neutre qui permettait à l’Etat de retrouver son rôle d’acteur sur le terrain. Est-ce que, au sein de votre administration, à niveau de responsabilité égal, vous avez le sentiment que c’est une logique qui est partagée ?

Complètement, en tout cas, c’est un des rôles premiers des sous-préfets de faire ce genre de choses... d’être présents sur le terrain, de répondre aux sollicitations, aux projets. Cela étant, il peut y avoir une conception de la réaction qui peut être différente d’une personne à une autre. Cela étant, sur les TIC, ce rôle a moins de sens puisqu’on a un domaine qui vit tout seul. Je pense que j’étais complètement dans ma fonction d’être avec des gens, de réunir des gens sur ce type de préoccupations, mais en réalité je n’avais aucune compétence sur l’objet des discussions qu’on a eues.

Même si on les provoque, chaque réunion est un hasard. Grimpi n’a de réalité que par la considération que les gens se portent entre eux et non par la considération qu’ils portent au groupe. Par contre, on s’est rencontré avec mon successeur et je lui ai dit tout le bien que je pensais de Grimpi et je crois que ça l’a intéressé. Il prendra le relais à sa manière, sachant que Grimpi a vieilli.