III.B. L'inégale dispersion des origines scolaires

Différentes de par leurs origines sociales, les deux populations étudiantes diffèrent encore par leurs origines et leurs “performances” scolaires. En prenant pour descripteur de l’origine scolaire la série du baccalauréat suivie, les deux populations diffèrent non seulement par leurs origines scolaires mais également par l’inégale homogénéité de ces origines. Alors que les étudiants en médecine sortent, dans leur immense majorité, des mêmes séries du secondaire, à la fois prestigieuses et à caractère scientifique, les étudiants de sociologie montrent, à cet endroit, une dispersion certaine.

Tableau 6. Répartition des étudiants par série du baccalauréat selon l’appartenance disciplinaire
  A B C DD’ E F G Bac. pro. Bac étranger Equivalence
Sciences Humaines 34,3% 23,1% 7% 13,1% 0,4% 4,2% 8,8% 1,6% 2,7% 4,8%
Médecine 1,4% 1,3% 39,4% 50,8% 0,1% 1,8% 0,3% 0,1% 4,4% 0,4%

GRIGNON Claude et al., Les Conditions de vie des étudiants, Paris, La Documentation française, 1996, pp.26-27.

La répartition des étudiants en médecine selon l’origine scolaire montre, en effet, une forte polarisation autour des filières C et DD’ puisque 90,2% en sont issus. Les autres sections ne sont représentées qu’à titre d'exception puisqu’elles n’atteignent pas, hormis les baccalauréats étrangers, les 2%. C’est donc une très forte homogénéité qui caractérise les formations secondaires de ces étudiants.

En revanche, seulement 57,4% des étudiants en sciences humaines proviennent des filières A et B. Les sections C, DD’ représentent encore, en pourcentages cumulés, plus de 20% des effectifs, et les étudiants issus d’un baccalauréat G près de 9%. Les sections secondaires statistiquement les moins représentées en sciences humaines constituent donc, en pourcentages cumulés, une forte minorité : environ 29% des effectifs. C’est dire combien, à l’inverse de leurs homologues médecins, les étudiants sociologues sont loin de partager la même culture scolaire. Au total, c'est à une inégale disparité des scolarités secondaires des deux populations qu'il faut conclure ici.