III.C. L'inégale “fortune” des scolarités secondaires

En prenant pour descripteur de la “performance” scolaire des étudiants le pourcentage de ceux qui ont obtenu une mention au baccalauréat, il apparaît clairement que les étudiants en médecine ont connu, lors de leur scolarité secondaire, un niveau de “réussite” supérieur à celui de leurs homologues de sciences humaines.

Tableau 7. Mention au baccalauréat selon la discipline d’appartenance
  Baccalauréat avec mention Baccalauréat sans mention
Sciences Humaines 20,3% 79,7%
Médecine 41,8% 58,2%

GRIGNON Claude et al., Les Conditions de vie des étudiants, Paris, La Documentation française, 1996, pp.26-27.

Ainsi que le montre le tableau ci-dessus, les étudiants de médecine, toutes années confondues, sont proportionnellement plus nombreux que les étudiants de sciences humaines à détenir une mention au baccalauréat puisqu’ils sont deux fois plus nombreux dans ce cas. 41,8% sont sortis primés de leurs études secondaires contre 20,3% seulement pour les étudiants de sciences humaines. Ces derniers ne constituent, pour leur part, qu’une petite minorité.

On peut ajouter à l’appui de ce premier constat, si l’on en juge par les caractéristiques de notre échantillon, que les étudiants de sociologie interrogés sont deux fois plus nombreux que les étudiants en médecine à avoir redoublé au moins une classe au cours de leur scolarité secondaire. De même, un cinquième des sociologues enquêtés ont été contraints, pour décrocher leur baccalauréat, de passer “l’oral de rattrapage”, lequel est imposé à tous ceux qui, pour ne pas être parvenus à la moyenne de dix au terme des premières épreuves, n’ont pas une moyenne inférieure à huit. Ces étudiants ont donc dû “rattraper” leur moyenne générale afin de la rehausser jusqu’à la note de dix. En revanche, aucun étudiant médecin ne fut concerné par cette épreuve.

Pour conclure sur ce point, les étudiants de médecine enquêtés se caractérisent par un niveau de “performance scolaire” globalement plus élevé que celui des étudiants de sociologie. Ils sont non seulement moins nombreux à avoir redoublé une classe lors de leur scolarité secondaire, mais ils sont en même temps plus souvent détenteurs d'une mention au baccalauréat alors même que, comme nous l’avons vu ci-dessus, ils sont issus de filières secondaires plus sélectives et prestigieuses que celles dont proviennent les apprentis-sociologues. Enfin, l’origine scolaire des étudiants inscrits en sciences humaines est clairement plus hétérogène que celle des étudiants médecins détenteurs, pour l’essentiel, d’une même culture scolaire.