II. La médecine et son contexte d’études

La médecine n’a pas été de tout temps animée de ce souci “d’efficacité thérapeutique” qui aujourd’hui la caractérise et tend nombre de ses ressorts. Que la médecine s’enquière de soigner ou de guérir, et qu’elle le fasse dans de nombreux domaines avec un succès certain tout en restant préoccupée de sa perfectibilité, voilà qui va de soi aujourd’hui, mais voilà qui n’a pas toujours été. On imagine mal en effet ce que serait aujourd’hui une médecine qui, dans ses activités pratiques aussi bien que de connaissances, ne chercherait pas à soigner, et, par là même, ne s’occuperait point de son efficience ! Et pourtant, il en fut ainsi jusqu’à une période relativement récente de notre histoire.

Si elle est aujourd’hui constituée comme une “évidence”, l’exigence d’efficacité n’en reste pas moins un une représentation historiquement construite qui s’avère d’une grande importance pour comprendre le fonctionnement et l’organisation actuels du savoir médical, tant elle impulsa une construction orientée (en un certain sens finalisée) de la connaissance et de la pratique médicales. Cette nouvelle exigence pour une bonne part engendrée d’un souci politique accru de contrôle et de rationalisation de la médecine conduisit, à partir de la fin du XVIIème siècle, à la double rationalisation des systèmes médicaux en présence, à bien des égards hétérogènes et fragmentés, et de la connaissance médicale elle-même dans le sens d’une recherche de son opérationalisation.

Le processus alors à l’oeuvre aboutit peu à peu au double mouvement de centralisation et d’uniformisation du secteur médical d’une part, de systématisation et de codification de la connaissance et de l’expérience médicales d’autre part, qui se traduit d’abord, dans les faits, par tout un travail clinique d’enregistrement, de récollection, de recoupement, de contrôle recentré de l’information.