La permanence de la compétition qui multiplie les affrontements scolaires et exerce sur l’ensemble des pratiques d’apprentissage une pression sans relâche est ainsi toute désignée pour générer, sur les conduites étudiantes, un ensemble de dispositions relativement ambivalentes dont les contradictions ne sont en réalité qu’apparentes : d’un côté, ce que l’une de nos interlocutrice appelle un« esprit concours » résumant par là cet esprit de rivalité entre étudiants qui, pour être suscitée par l’intensité des relations d’interdépendance concurrentielles, dispose davantage à l’opposition sans nuance qu’à l’entraide dans le travail317 ; de l’autre côté au contraire, des actes de coopération par petits groupes d’amis étudiants qui, venant en contre point ou en contrefort de l’esprit de compétition, sont d’une grande importance à la fois pour atténuer les effets négatifs de la concurrence et pour y résister sur le long terme.
On retrouve ici plus ou moins l’esprit des classes préparatoires décrit par Pierre Bourdieu, cette « “volonté de vaincre” (will to win) exaltée ailleurs à travers la pratique des sports, qui portent les plus consacrés au dépassement de soi, mais qui, comme en sport, n’inclinent pas toujours au fair play et qui préparent plus à la lutte de tous contre tous qu’à la collaboration et à la coopération », in BOURDIEU Pierre, La Noblesse d'Etat. Grandes Ecoles et Esprit de Corps, Paris, Minuit, 1989, p.117.