II.B. Encadrement des apprentissages, incultation d’habitudes de travail et transmission de techniques intellectuelles

II.B.1. Un lieu pour l’étude

Faisant d’une compétition permanente et explicite le moteur principal d’un travail intensif, les cours privés scandent les apprentissages, imposent un calendrier régulier de travail, fixent des objectifs et des échéances, permettent aux étudiants de se situer les uns par rapport aux autres. Les colles régulièrement organisées chaque semaine sur une partie du programme dans des conditions identiques à celles du concours enjoignent les étudiants à reprendre « chaque semaine une matière depuis le début », à tenir un rythme de travail, à procéder par étapes en révisant matières après matières, à juger leurs insuffisances et leurs acquis, les points à retravailler, à adapter leurs efforts en fonction des résultats obtenus.

Salles de travail, bibliothèques, polycopiés de cours, annales et sujets d’examen, QCM, QROC et autres exercices pour l’entraînement, cours de soutien et/ou conférences sur divers sujets, notamment sur les méthodes de travail, sont en outre proposés aux différents étudiants par les cours privés qui ainsi peuvent disposer, en dehors de leur domicile personnel ou familial, d’un lieu de travail indépendant, autonome, spécifiquement aménagé pour l’étude, dans lequel ils bénéficient d’une atmosphère studieuse, d’un ensemble de ressources matérielles et intellectuelles, et qui leur fournit le moyen de rompre l’isolement auquel parfois conduit l’entrée dans l’enseignement supérieur...

L’importance de ces cours privés est d’ailleurs explicitement rappelée dans Guide de rentrée 94/95 de l’Association Corporative des Etudiants en Médecine de Lyon à l’attention des nouveaux entrants. On peut ainsi y lire que : « Pour ceux qui débarquent de la Terminale, il peut être intéressant de s’inscrire dans un cours privé. Ce type d’établissement vous permet de disposer de cours de soutien, de salles de travail calmes et de systèmes de colles qui vous permettront de vous évaluer par rapport aux autres étudiants qui feront les mêmes colles que vous, dans le même établissement. (...) Pour ceux qui viennent de l’enseignement supérieur et qui ont déjà acquis une bonne méthode de travail, ces organismes semblent d’un intérêt moins grand »321

‘« Au CHA, il y a plusieurs salles mais en première année tu es préparé au concours une fois par semaine tu as une épreuve dans chaque matière, et puis les années d'après bon en deuxième année ce qui se fait bien c'est d'aider les premières années justement en organisant des colles. Au CHA ils proposent aussi plein de trucs, des voyages, des trucs comme ça, des cours de psychologie, donc on participe plus ou moins, si ça m'intéresse je le fais, et puis après il y a des grandes salles chacun bosse dans son coin, il y a une bibliothèque... » {Vice-président de l’association étudiante La CORPO}
« J’étais à CAP SUP, ces écoles préparatoires elles servent pour les colles, pour en fait euh... te noter comment dire... t'évaluer, t'entraîner euh... te situer disons par rapport aux autres voilà, donc c'est un moteur en fait ça te permet bon si tu as une mauvaise note, tu as envie de te rattraper, et de faire mieux, de t'évaluer disons dans chaque matière et vis-à-vis des autres ce qui est important c'est toujours vis-à-vis des autres parce que ce qui importe c'est le classement, il faut être dans les premiers donc euh... dans le colles il faut que tu essaies d'être le premier ou dans les premiers pour pouvoir euh réussir » {Colleur}’

Notes
321.

Guide de rentrée 94/95 de l’Association Corporative des Etudiants en Médecine de Lyon, p.4.