II.C. Des journées polyrythmiques, partagées entre les obligations domestiques et scolaires

Entre ceux ensuite qui partagent leurs obligations universitaires avec des obligations domestiques plus ou moins lourdes, les courses à faire, le ménage, les repas, la vaisselle, etc., qui, si elles n’imposent pas d’horaires précis contrairement à l’occupation d’un emploi salarié, peuvent occuper une bonne partie du temps “libre”. En l’occurrence, dans notre échantillon, sont plus particulièrement concernées les filles qui vivent en couple ou qui partagent leur appartement avec d’autres personnes, notamment de sexe masculin (un frère par exemple), et prennent ainsi en charge l’essentiel du fonctionnement quotidien402.

‘« ça dépend des jours parce que en ce moment je suis souvent sur mon terrain en fait, parce que là je fais un dossier d'ethno sur les cimetières et donc je suis assez souvent sur le terrain et puis c'est pareil donc je suis obligée de partir tôt sur mon terrain je reviens, je mange, je fais la vaisselle, je repars, je passe un petit peu de temps en temps mais je suis toujours obligée de regarder l'heure pour savoir bon (sourire avec un peu de gêne - semble signifier que ses responsabilités familiales lui pèsent : même lorsqu'elle travaille, elle en a le souci, la préoccupation) il faut revenir faire les courses, faire à manger, etc., et puis en fait le travail. ..., véritablement je crois que je travaille plus le samedi dimanche » ; (donc les journées ne se ressemblent pas ?) « non parce qu’il y a des jours où j’ai cours le matin donc ça me laisse l’après-midi de libre pour bosser, et les jours où j’ai cours l’après-midi, le matin en général, je vais faire les courses donc là j’ai pas du tout le temps de bosser. C’est pour ça que des fois je vais pas en cours, je me dis pour deux heures, à la limite, il y a certains cours, c’est vrai, c’est même pas un cours, c’est les autres étudiants qui viennent et qui parlent de leur dossier. Moi ça m’intéresse mais ça me fait quand même perdre quatre heures quand on compte le transport en bus [...] Donc ça fait quatre heures de perdues, moi je me dis “vaut mieux rester là et travailler” »{Fille, 22 ans, concubine, vit avec son frère cadet et son petit ami, logement indépendant dont les parents sont propriétaires, souhaite aller jusqu’en maîtrise}’
Notes
402.

Ce constat est d’ailleurs peu ou prou confirmé de manière statistique par Valérie Erlich qui écrit que la journée partagée entre les études, le travail rémunéré et les tâches domestiques caractérise les récits de l’étudiante qui vit en couple, plus âgée que la moyenne... ERLICH Valérie, Les Étudiants, un groupe social en mutation. Étude des transformations de la population étudiante française et de ses modes de vie (1960-1994), Thèse de nouveau doctorat de sociologie, Université de Nice-Sophia Antipolis, UFR Lettres, Arts et Sciences Humaines, Septembre 1996, p.446.