La première renvoie à la spécificité de certains profils étudiants et par là même de certaines situations d’études que le recrutement médical, particulièrement sévère dans la sélection sociale et scolaire qu’il opère, exclut d’emblée. Parmi les étudiants sociologues qui manquent très régulièrement les cours, faute de pouvoir faire autrement mais aussi parfois faute d’en avoir l’envie, on trouve d’abord les quelques étudiants salariés à plein temps, plus âgés que la moyenne, que comprend notre échantillon et qui, possédant déjà un métier, reprennent des études pour le plaisir d’étudier, à côté de leur activité professionnelle et en dehors de tout enjeu scolaire de certification.
S’il est clair que ces étudiants sont de prime abord conduits, par la force des choses et en raison de leurs obligations et de leurs horaires professionnels, à manquer régulièrement un nombre important d’enseignement404, ces impératifs extra-universitaires n’expliquent néanmoins qu’une partie de leurs absences. Car pour ces étudiants, le principe de plaisir intervient par ailleurs et de manière déterminante dans le fait d’assister ou non aux différents enseignements auxquels ils peuvent effectivement se présenter. En effet, parce qu’ils reprennent des études sans autres objectifs que d’étudier pour étudier, indépendamment de tout enjeu de certification, ces derniers vont en cours avant tout pour le plaisir, parce qu’ils en ont le désir, et non par obligation, le fait de se sentir éventuellement obligé ou contraint apparaissant clairement dans leurs propos comme la négation même de ce pour quoi ils reprennent les études.
Dans ces conditions et compte tenu de leur rapport à l’étude, on comprend que ces étudiants soient a contrario fortement enclins à “sécher” également les cours auxquels ils pourraient effectivement se rendre en dehors de leurs obligations strictement professionnelles, simplement parce que l’envie n’est pas toujours au rendez-vous, parce qu’ils ont mieux à faire sur le moment, ou parce que leurs préférences sont ailleurs...
‘« J’ai jamais de journée vraiment étudiante c’est-à-dire que bon quand je vais à la fac j'ai 4 heures de cours d'affilé en général donc ça tombe bien parce que ce sont des heures de cours qui sont en général euh l'après-midi et donc le matin en général je ne fais quelque chose qui correspond à la fac mais ça m'arrive rarement d'aller à la fac à moins de euh... d'avoir un rendez-vous avec quelqu'un ou alors je dois rendre un bouquin ou un truc comme ça, on se donne rendez-vous je vais à la bibliothèque j'y passe deux trois heures et je vais ensuite en cours mais ça c'est très rare. Non, en général, quand je vais à la fac j'arrive en retard à un amphi et euh... et je pars euh bon j'essaie de suivre les cours mais c'est vrai que euh bon, la fac, tu rencontres des gens tu discutes et puis à la limite euh ça m'est arrivé souvent de ne pas aller aux cours d'amphi parce que je reste discuter dehors avec quelqu’un et bon je récupère les cours après ou je ne les récupère pas mais bon... » {Fille, 29 ans, Infirmière}Ces étudiants bénéficient d’ailleurs d’une dispense d’assiduité.