I. L’exercice d’une activité salariée selon les filières : les études de Médecine et de Lettres et sciences humaines largement en tête...

Si l’on considère d’abord les choses globalement et rapidement d’un point de vue statistique, on constate que la “discipline d’études” et l’“établissement” sont ici, et de loin, dans le fait d’exercer ou non une activité salariée durant l’année universitaire, les variables statistiquement les plus discriminantes. Les étudiants sont d’autant plus nombreux à exercer une activité salariée durant l’année universitaire qu’ils étudient dans une UFR (versus dans des établissements scolaires comme les CPGE, les IUT et les BTS) et, parmi les UFR existantes, en Lettres et sciences humaines et en Médecine.

Tableau : exerçant une activité salariée en dehors des vacances d’été, selon le type d’études
Lettres et Sciences humaines 52,1
Médecine 50,7
Droit, Sciences économiques 37,9
Sciences et techniques 33,9
IUT tertiaire 27,4
STS tertiaire 25,4
STS production 22,5
IUT production 17,3
CPGE Lettres 15,8
CPGE sciences 8,6

LAHIRE Bernard, Les Manières d’étudier, Paris, La Documentation française, Cahiers de l’O.V.E. (2), 1997, p.41..

Autrement dit, la part des étudiants exerçant une activité salariée durant l’année universitaire est statistiquement d’autant plus importante que l’on regarde du côté des établissements universitaires qui laissent, objectivement et en raison même du rythme qu’ils impriment à l’étude (faible encadrement), la possibilité d’avoir des activités extra-académiques. De ce point de vue, les CPGE, aux rythmes scolaires particulièrement intensifs, et, dans un deuxième temps, les IUT et BTS, qui pratiquent également un fort encadrement pédagogique, sont relativement incompatibles avec l’exercice d’une activité salariée, davantage en tout cas que les UFR dont les emplois du temps sont généralement moins lourds et moins intensifs, donc plus aisément aménageables.

Cependant, toutes les UFR ne présentent pas, à cet égard, le même profil statistique puisque les étudiants de Lettres et sciences humaines d’une part, de Médecine d’autre part, qui pourtant présentent de fortes dissemblances sur le plan des niveaux d’encadrement pédagogique, de la charge de travail, etc., sont, malgré leurs différences, incomparablement plus nombreux (50,9% et 49,6% respectivement) que les étudiants de Droit et sciences économiques et de Sciences et techniques (36,7% et 33,2% respectivement) à exercer une activité salariée durant l’année universitaire.

Les proximités statistiques des filières Lettres et sciences humaines et médecine, pour nous limiter ici au domaine qui nous intéresse plus particulièrement, ne doivent toutefois pas laisser croire qu’elles renvoient aux mêmes réalités sociologiques et que les mêmes raisons présideraient ici aux mêmes résultats. Plusieurs analyses peuvent à cet égard être invoquées pour rendre compte de la proximité de ces résultats dont l’interprétation diffère d’un contexte d’études à l’autre. Car l’étude des entretiens menés avec les étudiants de licence de sociologie et de médecine troisième année conduit à contraster assez clairement la contiguïté des constats statistiques et à nuancer leurs significations.