III.B. Des activités salariées fréquemment concurrentes de l’étude...

En portant plus particulièrement l’attention sur les étudiants de licence de sociologie interrogés, force est de constater que les formes de l’activité salariée y sont plus directement concurrentes de l’étude qu’elles ne le sont en médecine. Concurrentes de l’études, elles le sont d’abord en ce que le travail salarié recouvre, dans ce contexte d’études, des domaines de pratiques qui, sauf exception, ne sont pas en rapport avec la matière étudiée. Barman, ménages et baby-sitting, vendeur, caissier, entraîneur d’une équipe de sport, infirmier, enseignement, travail médico-social, animation culturelle, surveillant, BCD, etc., tels sont, dans leur diversité, les activités, les emplois ou les domaines de pratiques dans lesquels se trouvent investis les étudiants sociologues qui font l’expérience du travail salarié.

Concurrent de l’études, l’exercice d’une l’activité salariée l’est ensuite en raison de l’investissement que les étudiants concernés lui consente. Contrairement aux étudiants médecins troisième année dont l’activité salariée revêt, nous venons de le voir, un caractère d’appoint dans la quasi totalité des cas, on trouve plusieurs étudiants sociologues dont l’activité constitue une véritable activité de subsistance. Plusieurs d’entre eux, en effet, subviennent à leurs besoins matériels dans certains cas pour la totalité, dans d’autres pour une bonne part de ces derniers grâce à l’exercice d’une activité salariée, à mi-temps, à trois quart de temps ou à plein temps. C’est le cas par exemple des deux étudiants de notre échantillon, salariés à plein temps, qui reprennent les études à côté de leurs activités professionnelles. C’est le cas également des étudiants surveillants d’externat qui, par cette activité, subviennent à l’essentiel de leurs besoins matériels...

S’agissant ensuite des autres étudiants de sociologie concernés, le volume horaire consacré à un emploi rémunéré est, dans l’ensemble, bien supérieur à celui des étudiants médecins troisième année. Là où ces derniers consacrent généralement moins de cinq heures par semaine à leur emploi, les étudiants sociologues enquêtés investissent, à l’inverse, cinq heures hebdomadaire minimum à l’exercice d’une activité salariée, et, dans la plupart des cas, bien davantage encore : huit heures, quatorze heures, seize heures... Autrement dit, si le travail salarié demeure majoritairement, dans ce contexte d’études, une activité d’appoint et marginale, il y occupe une place bien plus importante qu’en médecine.

Mais ce n’est pas tout. Car il convient en outre de remarquer et c’est une autre différence avec les étudiants médecins que le travail salarié semble dans certains cas valoir autant pour l’expérience de la vie active qu’il confère que pour l’argent qu’il permet de gagner. Dans le meilleur des cas, lorsque l’activité s’y prête, elle peut être l’occasion d’acquérir, à toutes fins utiles, des compétences dans un domaine particulier, de mettre un pied sur le marché du travail pour, éventuellement, si l’occasion se présente, s’y faire une place. C’est le cas par exemple des étudiantes qui travaillent dans une BCD en vue du concours des IUFM et de la sélection sur dossier. C’est la situation également, nous l’avons déjà évoquée, de l’étudiant objecteur de conscience dans le domaine de l’éducation spécialisée dont il souhaite faire son métier.

Que les études de sociologie ne soient ni des études professionnalisantes, ni des études dont les diplômes permettent d’aborder dans les meilleurs conditions le marché du travail n’est évidemment pas pour rien dans cette affaire. Alors que le souci d’acquérir une expérience de la vie active n’intervient logiquement pas, chez les étudiants médecins, dans le fait d’exercer ou non une activité salariée, celui-ci peut au contraire constituer, pour certains étudiants de sociologie, soucieux de leur avenir, sinon la raison du moins l’un des enjeux de leur investissement (au sens fort du terme) dans une activité salariée (“on ne sait jamais”).