Conclusion

Etudier demande du temps, et plus ou moins de temps selon les exigences disciplinaires. Mais l’emploi du temps institutionnel et l’organisation disciplinaire laissent déjà, objectivement, plus ou moins de temps “libre” pour d’autres activités de type extra-scolaires, autorise plus ou moins leur diversification. Plus l’emploi du temps est resserré, et plus il incite les étudiants à rechercher du temps disponible, à libérer du temps sur d’autres domaines activités au profit de l’étude. De ce point de vue, on peut dire que l’emploi du temps des études médicales, tel que nous l’avons décrit, contribue largement, en raréfiant le temps disponible, à limiter le nombre d’activités que les étudiants peuvent avoir en sus de leurs études.

A l’inverse, les études de sociologie laissent des marges de “libertés” plus conséquentes, propices tout à la fois aux investissements multiples et à l’expression de la diversité interindividuelle, tant le temps laissé disponible s’y avère une denrée relativement abondante. Mais l’emploi du temps, plus ou moins encadré et intensif, n’explique pas tout. Il faut également ajouter l’aspect inégalement vocationnel de la matière d’études et les perspectives d’avenir, plus ou moins mobilisatrices et rentables, qui lui sont associées.

De la troisième année de médecine à la licence de sociologie, on passe ainsi d’une scolarité relativement intensive, professionnalisante et prestigieuse qui, en tant que telle, présente des enjeux importants et mobilisateurs, à une scolarité relativement peu contraignante sur le plan des rythmes universitaires et faiblement incitative du point de vue des enjeux d’avenir. Dans ces conditions, on comprend que les étudiants médecins soient ainsi davantage portés que les étudiants sociologues à focaliser l’essentiel de leur attention sur des enjeux scolaires. Ce sont eux qui ont le plus à gagner mais aussi, dans le même mouvement, le plus à perdre...

En dissociant le présent des études de l’avenir professionnel, en pratiquant un faible encadrement scolaire et en dispensant des diplômes relativement peu rentables (d’une valeur faiblement négociable) sur le marché du travail, les études de sociologie semblent, pour leur part, emporter plus difficilement l’adhésion scolaire de leurs étudiants et peiner à créer les conditions favorables au report des satisfactions plus immédiates (économiques ou identitaires) d’une activité salariée.