II. De l’usage d’agendas, de calendriers..., et de la fixation de programmes pour le travail scolaire : deux pratiques relativement indépendantes

II.A. La prééminence en nombre et en fréquence des agendas (des calendriers, des listes pour mémoire et de choses à faire) sur la stricte fixation de plannings de travail

Pourtant, et c’est le deuxième constat que l’on peut faire, l’utilisation d’un agenda et/ou d’un calendrier, est une pratique incomparablement plus fréquente et répandue que la stricte fixation d’un emploi du temps pour le travail scolaire personnel ou la construction de programmes de travail. Plus générale tout d’abord, nous l’avons dit, parce que si l’utilisation de dispositifs de gestion du temps comme les agendas et/ou les calendriers est une pratique communément partagée par les étudiants de médecine et de sociologie, l’élaboration de programmes ou de plannings de travail stricto sensu concerne, en revanche, un nombre nettement moins important d’enseignés, cela d’ailleurs d’autant plus que l’on regarde du côté des étudiants sociologues puisque c’est parmi ces derniers que le décalage entre les deux types de pratique est, et de loin, le plus marqué. En d’autres termes, l’usage de l’agenda (et du calendrier) s’avère, à l’étude et c’est une surprise —, relativement indépendant de la fixation d’emplois du temps pour le travail personnel, tout particulièrement en licence sociologie et dans une moindre mesure en troisième année de médecine429. Relativement indépendant, il l’est pour au moins deux raisons.

D’une part parce que l’analyse montre que les étudiants peuvent fort bien posséder et user d’un agenda ou d’un calendrier sans pour autant compter au nombre de ceux qui affirment se fixer des emplois du temps pour le travail personnel, y compris lors des périodes les plus denses comme les révisions. Autrement dit, si les étudiants enquêtés qui déclarent élaborer des plannings de travail disposent généralement d’un agenda, la liaison inverse ne se vérifie pas, tant s’en faut430. D’autre part, parce que l’agenda, dont l’utilisation, variable de par sa fréquence et son intensité, concerne généralement l’ensemble des activités sociales dans lesquelles se trouvent engagés les étudiants, n’est qu’assez rarement le lieu d’inscription des programmes de travail éventuellement élaborés par les enseignés.

Plus fréquente, l’utilisation d’un agenda ou d’un calendrier l’est ensuite dans la mesure où la construction de plannings de travail, détaillant et prévoyant l’ordre des opérations à accomplir dans le temps à venir, n’intervient généralement qu’en certaines périodes bien particulières de l’année, lors des temps forts et des révisions, contrairement aux agendas et calendriers dont l’usage recouvre un caractère généralement moins ponctuel et moins spécialisé. C’est ainsi que les étudiants de médecine ou de sociologie affirmant se fixer des programmes de travail le font, pour l’essentiel, durant les temps “forts” de l’année universitaire mais plus exceptionnellement en cours d’année universitaire.

Notes
429.

Là encore, le constat établi à partir de notre échantillon se trouve confirmé par l’enquête statistique puisque si 45,1% des étudiants de Lettres et Sciences humaines affirment “utiliser souvent un agenda”, seuls 33,6% déclarent s’être “fixé un emploi du temps strict”, contre 45% et 41,4% respectivement pour les étudiants médecins, Ibidem, p.51.

430.

C’est ainsi que Michel Verret remarquait que « La distribution de la planification du travail, appréciée par celle de sa présupposition élémentaire : l'existence d'un plan de travail, fait apparaître en effet : que la finalisation du travail sur la représentation des épreuves exigibles n'implique pas nécessairement l'organisation, même rudimentaire, de l'apprentissage, selon l'ordre progressif des séquences que définirait un plan (...). En définitive on ne trouve l'indice objectif, sinon d'une planification sérieuse, du moins de la possibilité minimale d'une telle planification : le plan de travail : le plan de travail écrit, que chez à peine plus du tiers de la population considérée », in VERRET Michel, Le Temps des études, Opus-cité, pp.643-644.