Le planning de travail, généralement plus systématique et détaillé dans ce qu’il organise, s’impose davantage durant les périodes de révisions où le nombre de choses à faire augmente et les délais se réduisent. Autrement dit, si les étudiants ne manquent pas, en dehors de ces périodes particulières, de noter et d’organiser par écrit les différents états de leurs pratiques, pour se forcer au travail, pour fixer les choses à faire, pour aller de l’avant, le programme de travail, plus systématique et détaillé, qui rationalise et discipline la pratique, devient plus impérieux à l’occasion des périodes relativement périlleuses comme les révisions durant lesquelles l’action est soumise à une certaine urgence, doit faire face simultanément ou dans un laps de temps assez court à de multiples impératifs, à une série d’incises pratiques qui, en sortant des cadres ordinaires de la pratique, en les bouleversant plus ou moins fortement, demandent à être organisés, prévus, préparés, agencés...
Sans doute l’agenda ou le calendrier se prêtent-ils moins alors, de par leur forme, leur caractère plus définitif, à ce type de notation plus systématique. Car il faut alors noter plus de choses, revoir son organisation au fil des jours, éventuellement réajuster, corriger son organisation de façon plus ou moins ponctuelle. Une feuille de papier libre, outre le fait de faciliter une vision synoptique438 des choses, peut à cet égard s’avérer d’un usage plus souple (on peut alors reprendre et gribouiller son emploi du temps à souhait) qu’un support plus “noble” dont l’utilisation non seulement ne se limite pas au scolaire mais n’est pas non plus à caractère ponctuel. Et si l’on trouve quelques étudiants pour établir leurs programmes de révisions sur leur agenda, c’est plus généralement indépendamment de celui-ci qu’ils trouvent le lieu de leur inscription (« je le fais sur une petite feuille comme là pendant les vacances je travaille je le fais sur une feuille [...] je l’ai déjà remodifié (en souriant) je ne sais pas combien de fois [...] ça m’évite de gribouiller mon agenda »).
Le caractère synoptique du calendrier est également ce qui le fait parfois préférer à l’agenda ou ce qui justifie une double utilisation, agenda et calendrier. A l’inverse de l’agenda qui suppose d’être ouvert, consulté, manipulé, le calendrier permet de visualiser d’un seul coup d’oeil, quasi matériellement, les dates, le temps restant avant une échéance, un délai sans autre manipulation que le fait de le regarder et ainsi permet de se situer facilement dans le temps. Le calendrier permet de “voir” venir :
« j’ai un calendrier (sourire) à côté de ça, mon calendrier je l’ai sous les yeux parce que je trouve que c’est bien plus simple quand on veut voir quelque chose de le voir sur un papier qui représente le mois ce qui se passe plutôt que de tourner les pages et de trouver, parce que l’agenda que j’ai maintenant c’est une page par jour alors que l’autre c’était une page la semaine donc c’était beaucoup plus clair pour moi que de tourner les pages et de savoir combien de jours il restait avant dimanche alors que le mois du calendrier est beaucoup plus clair et j’arrive beaucoup plus à resituer ce qui se passe » ;
« ça sert de sous-main donc euh j’écris aussi dessus mais c’est vrai que j’aime bien avoir un planning, j’aime bien avoir les semaines euh comme ça donc devant moi. J’aime bien voir tout ce que je peux faire ou tout ce que je pourrais faire dans les 6 mois. L’agenda c’est pas très pratique pour ça ».
« C’est intéressant aussi des fois le fait de voir sur son calendrier qu’on est au début du mois puis qu’à la fin du mois on commence, on se rend compte plus peut être de l’urgence ».