III.A. Les étudiants médecins, d’incomparables plus grands programmateurs de leurs pratiques scolaires que les étudiants sociologues

L’analyse des pratiques de planification du travail personnel par lesquelles les étudiants se fixent ou non un emploi du temps à respecter pour réaliser leurs apprentissages montre en effet très clairement que les étudiants médecins sont, outre le fait de travailler avec une grande régularité (versus à la dernière minute ou par à coup) en cours d’année, de plus grands programmateurs de leurs activités scolaires... Plus de la moitié des étudiants de licence de sociologie enquêtés dans le cadre de cette étude déclarent en effet travailler sans programme et ne jamais en établir, y compris durant les périodes de révisions, contre moins d’un cinquième seulement des étudiants de DCEM1.

La pratique, quasiment systématique et générale du côté des étudiants médecins, reste donc le fait d’une forte minorité en licence de sociologie qui compte dans ses rangs une proportion extrêmement importante d’étudiants qui rejettent explicitement les contraintes temporelles, organisationnelles et comportementales les plus patentes du travail écrit de rationalisation ou, selon les cas, y résistent objectivement. Si les “temps forts” de l’année universitaire fonctionnent bien comme des véritables déclencheurs de pratiques scripturales et graphiques de rationalisation et de planification, on comprend dans le même temps qu’ils ne constituent pas, en la matière, une condition suffisante.

On peut donc se demander rapidement ce qui contribue à faire la différence ici même entre les différents étudiants (de façon interdisciplinaire autant qu’intradisiciplinaire) et quels sont ceux qui, par exemple, préfèrent ne pas planifier leurs pratiques de travail à venir. Il nous semble qu’outre les variations dans la nature sociocognitive des tâches intellectuelles à réaliser, nous y reviendrons, le caractère scolairement et socialement inégalement sélectionné des deux populations, enfin l’aspect inégalement vocationnel et prestigieux de la formation entreprise, deux grands types d’arguments peuvent être avancés pour rendre compte des pratiques estudiantines : d’une part le rapport socialement différencié des étudiants aux formes objectivées de la culture ; d’autre part, le rapport des étudiants à l’avenir et donc au présent de leurs pratiques d’études dont l’effet se ressent, et pour cause, plus spécialement du côté des étudiants sociologues...