Privilégiant la mesure de quantités d’objets lus, et s’appuyant sur l’enregistrement d’un ensemble de déclarations de pratiques, ces enquêtes engagent, ainsi que l’ont fort bien montré Anne-Marie Chartier, Jocelyne Debayle et Marie-Paule Jachimowicz dans le travail même de collecte et de traitement de l’information, un ensemble de conceptions plus ou moins implicites sur la lecture qui force à réinterroger nos catégories sociales de perception de ce qu’est un acte de lecture et à réfléchir les priorités ou les hiérarchisations nécessairement mises en oeuvre dans les critères, retenus comme pertinents sociologiquement, de différenciation des pratiques. Car les choix d’argumentation qui leurs sont ainsi liés où interviennent « des termes, des nomenclatures, des mesures, des décisions d’enregistrements ou de rejet, bref des arguments » pour parler comme Jean-Claude Passeron457 ne sont évidemment pas sans effets sur les inférences que l’on tire à un niveau plus général.
PASSERON Jean-Claude, Le Raisonnement sociologique. L’espace non-poppérien du raisonnement naturel, Paris, Éd. Nathan, 1991, p.24.