2. Le travail du deuil consécutif à la perte d’un être aimé.

L’ensemble de ces précisions théoriques et terminologiques va nous permettre d’aborder maintenant en détail les processus caractéristiques du travail du deuil. Ce concept, très présent dans la littérature psychanalytique, qui en a décrit tout aussi bien les réussites que les complications élaboratives, a été le plus généralement théorisé dans le cas de la perte d’un être aimé. C’est également ce point de vue qui servira de base à ma réflexion.

Notons que cette partie purement théorique sera essentiellement une série de rappels pour les lecteurs familiers de la littérature psychanalytique. Elle permettra aux autres de disposer des éléments indispensables pour comprendre l’analyse du matériel clinique qui sera faite ensuite. La présentation des conditions de possibilité de ce travail du deuil, grâce notamment aux accidents de parcours repérables dans la psychopathologie, c’est-à-dire lorsque ces conditions ne sont pas réunies et apparaissent par défaut, sera particulièrement importante pour saisir la suite de ma démarche. Je l’aborderai dans la troisième partie de ce chapitre.

Dans un souci de clarification des processus décrits, je présenterai le travail du deuil en distinguant trois étapes : le choc, la dépression, le rétablissement. Notons que cela ne doit pas faire oublier que la complexité de la réalité dépasse, souvent, largement les efforts de modélisation et qu’il y a bien sûr chevauchement de ces trois moments du deuil. « La reconnaissance de la perte n’est pas encore consommée lorsque la dépression débute et l’étape finale se dessine déjà lorsque l’état dépressif est encore en cours »83.

Notes
83.

M. Hanus, Les deuils de la vie (1994), p 95.