1. La centralité du travail :
un débat sur l’exclusivité d’une relation.

Qui s’est penché sur un rayon de libraire sur le thème du travail connaît l’hétérogénéité des récentes publications et l’effet de vertige qu’elles peuvent produire. Les ouvrages visant à développer de nouveaux gisements d’emploi, en redynamisant les exploitations, augmentant le pouvoir d’achat ou soutenant un développement démographique, se mêlent aux publications prônant la réduction du temps de travail et analysant toutes les modalités pratiques d’une telle démarche. Les livres dénonçant l’évolution des conditions de travail et le labyrinthe de l’insertion côtoient les titres sur le temps libéré, le revenu d’existence et l’allocation universelle.

Les pages qui vont suivre tentent de transformer cet agrégat de publications, au premier abord fort indigeste par sa masse et sa polysémie, en une organisation cohérente pouvant servir de canevas à d’autres lectures.

Afin de bien souligner l’intérêt de ces ouvrages par rapport à ma problématique, je les présenterai en fonction des réponses qu’ils apportent à la question de la place du travail dans notre société. Nous verrons que cette question est à l’origine d’un large débat et donne lieu à des prises de positions marquées entre les défenseurs de la nécessaire centralité du travail et les partisans de l’invention d’autres objets intégrateurs venant pallier à « l’épuisement progressif du paradigme du travail ».154 L’intérêt et la difficulté de ne pas s’enfermer dans cette opposition, et de proposer une troisième réponse, seront également examinés.

Notes
154.

M. Autès, Pauvreté et RMI (1994), p 212.