1.1.3 Une centralité révélatrice d’une position idéologique.

La présentation du point de vue des tenants de la centralité du travail resterait incomplète si je ne précisais pas les formes prises par les discours et ce qu’elles peuvent nous apprendre sur les enjeux des arguments avancés.

Certains auteurs exposent très catégoriquement leurs affirmations et ne laissent — dans leur écrit tout au moins — que peu de place au débat de ce qui semble pour eux une évidence indiscutable. D’autres, pris entre leur conviction du caractère primordial de l’emploi et l’envahissement progressif par le doute d’entretenir un modèle dépassé, hésitent à se prononcer et témoignent dans leur discours du tiraillement dans lequel ils se trouvent. D’autres enfin construisent une démonstration détaillée, prennent en compte une contre-argumentation, et acceptent les détours par d’autres possibles pour revenir à leurs convictions premières avec encore plus de certitude.

Je présenterai successivement ces trois types de position en soulignant en quoi elles apportent tour à tour des éléments intéressants à ma réflexion ou constituent au contraire un obstacle à surmonter pour la poursuivre. Ce survol permettra de commencer à repérer que la centralité du travail peut parfois prendre valeur d’idéologie, c’est à dire être utilisée comme une vérité immuable et rassurante. Cette caractéristique sera ensuite davantage développée, dans la partie 1.2.3. de ce chapitre, par comparaison avec la dimension utopique des modèles proposant de nouveaux objets intégrateurs.